Loi sur l'immigration : premiers échanges d'une séance marathon à l'Assemblée
C'est Eric Besson en personne qui est monté le premier au perchoir de l'Assemblée nationale pour défendre le projet de loi “Immigration, intégration, nationalité”.
_ Sa mission première devant les députés : déminer le terrain, après les débats suscités par ce projet.
Premier argument : ce projet s'inscrit dans le cadre d'une politique européenne d'immigration choisie. Se livrant à un court exercice de langues étrangères, Eric Besson s'est risqué à la traduction de l'expression en anglais et en espagnol.
Il ne s'est pas privé de souligner que la “directive retour”, la plus contestée du texte, a été votée au Parlement européen par les socialistes allemands et espagnols.
Devançant les attaques sur les zones d'attente temporaires, il insiste sur le fait qu'elles bénéficient des mêmes dispositions légales que les zones définitives.
_ Quant à la déchéance de nationalité, il assure que les dispositions de 1945, abrogées seulement en 1998, étaient bien plus sévères et n'ont pas gêné la gauche en son temps.
Devant l'hémicycle clairsemé, le ministre s'est payé le petit plaisir de citer... Lionel Jospin. Provoquant quelques protestations sur les bancs de l'opposition, il rappelle des propos de l'ancien Premier ministre socialiste, qui estimait “inconséquent” d'accepter des entrées sans condition.
PROJET INCONSTITUTIONNEL POUR LA GAUCHE
Les socialistes, comme prévu, ont défendu leur motion de rejet préalable, par la voix de la députée socialiste de Paris, Sandrine Mazetier. Attaquant le 6ème projet de loi en huit ans sur l'immigration. Sous les cris des députés UMP, elle a déploré que la situation des citoyens dont la couleur de peau provoque des contrôles d'identité répétés. Pour elle, le projet rompt l'égalité républicaine devant la loi en créant trois catégories : les Français de souche, les naturalisés et les étrangers. Elle dénonce les zones d'attente temporaires, gérées par les autorités administratives et non judiciaires, alors que le recours au juge, justement, est retardé par le texte.
Fustigeant la “stratégie de la tension et de la division”, elle estime le projet de loi inconstitutionnel, violant l'égalité devant la loi et créant une détention arbitraire. “La France se perd aux yeux d'elle-même et se perd aux yeux du monde !”, s'exclame-t-elle.
“Quelle caricature !” s'exclame le ministre dans sa réponse, alors que la tension monte sur les bancs. Il rappelle que la France délivre 200.000 titres de long séjour par an et naturalise 108.000 personnes. Il accuse la gauche de diffamer les fonctionnaires qui appliquent les dispositions gouvernementales. Petit tacle politique, puisque nombre d'électeurs de gauche sont fonctionnaires. La motion sera rejetée, mais le débat continue. Probablement une bonne partie de la nuit.
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