Cet article date de plus de douze ans.

"Maintenir Fessenheim est une décision politique", pour le porte-parole de Sortir du nucléaire

En visite dans le Haut-Rhin, Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi 9 février qu'il ne fermerait pas la centrale nucléaire de Fessenheim, la doyenne du parc français. Entretien avec Jean-Marie Brom, physicien et porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.
Article rédigé par Adrian Buffel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des activistes antinucléaires lors de la visite de Nicolas Sarkozy à la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) le 9 février (AFP PHOTO/FREDERICK FLORIN)

En visite dans le Haut-Rhin, Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi 9 février qu'il ne fermerait pas la centrale nucléaire de Fessenheim, la doyenne du parc français. Entretien avec Jean-Marie Brom, physicien et porte-parole du réseau Sortir du nucléaire.

Le président de la République a annoncé jeudi, lors d'un déplacement dans le Haut-Rhin, qu'il n'avait aucune intention de fermer la centrale de Fessenheim, doyenne du parc nucléaire en France. Pour Nicolas Sarkozy, celle-ci est sûre, elle produit une électricité à bas coût et elle a encore de belles années devant elle.

France TV 2012 a interrogé Jean-Marie Brom, chercheur au CNRS et porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Le physicien a été reçu jeudi par un conseiller de Nicolas Sarkozy, avec plusieurs autres associations antinucléaires, quelques instants avant que le chef de l'Etat ne prononce son discours. Réaction à chaud.

Lors de son discours, Nicolas Sarkozy a déclaré que la centrale de Fessenheim était plus jeune que certaines centrales nucléaires suisses et américaines. Comment réagissez-vous à cela ?

Jean-Marie Brom - C'est vrai mais ce n'est pas un argument justifié. Les centrales suisses, dont la plus vieille a été construite en 1969, ont des puissances plus faibles que Fessenheim, qui elle a 34 ans.

Le problème, c'est l'âge biologique des centrales parce que leurs matériaux vieillissent plus ou moins vite. Comme ils ont moins de demande, les Suisses ont construit des centrales moins puissantes qui s'usent donc moins vite.

Fessenheim représente 2 % du potentiel nucléaire français et exporte 35 % de sa production en Allemagne et en Suisse. Elle est donc inutile à la France !

Nicolas Sarkozy a souligné que l'Autorité de sûreté nucléaire avait donné son feu vert à la poursuite de l'exploitation du réacteur numéro 1 de Fessenheim. Si cette centrale est sûre, pourquoi vouloir la fermer ?

Le rapport de l'ASN de juillet 2011 ne dit rien sur le vieillissement du réacteur. Il dit juste que Fessenheim peut continuer à fonctionner, sous réserve de travaux pour améliorer la sécurité.

En France, les centrales nucléaires sont aptes à fonctionner pendant une quarantaine d'années. Fessenheim a été construite en 1977, ce qui nous amène jusqu'en 2017.

Nous sommes en 2012. Est-ce que ça vaut le coup d'investir les 600 millions d'euros nécessaires à la modernisation de la centrale pour les quelques années à venir ?

Enfin, il faut noter que Fessenheim fonctionne de manière dérogatoire puisque le décret relatif à la poursuite de l'exploitation n'est pas encore sorti.

Nicolas Sarkozy a souligné que l'électricité était deux fois moins chère en France qu'en Allemagne, qui dégage dix fois plus de gaz à effet de serre pour produire son énergie. En quoi fermer Fessenheim est un choix écologique ?

L'électricité est deux fois moins chère en France parce que le gouvernement fixe les prix.

Par ailleurs, la Cour des comptes a rappelé que le coût du kilowattheure (kWh) avait été multiplié par quatre entre Fessenheim et l'EPR de Flamanville, en raison de la hausse des coûts de fonctionnement, et surtout de sécurité.

Quand on regarde la vérité, on se rend compte que maintenir Fessenheim est une décision politique. C'est la preuve que la France ne veut pas se lancer dans une autre politique énergétique. A l'inverse, fermer la centrale constituerait un symbole fort.

Le jour où on aura une catastrophe d'ampleur ou quand le prix de l'uranium augmentera, ce qui ne devrait pas tarder, on sera bien attrapé !

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.