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La polémique entre Jean-Luc Mélenchon et "L'Emission politique" en trois actes

Depuis son passage dans l'émission animée par Léa Salamé, le leader de La France insoumise multiplie les critiques contre France Télévisions.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
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Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le 30 novembre 2017 sur le plateau de "L'Emission politique". (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Jean-Luc Mélenchon n'a pas digéré son passage dans "L'Emission politique". Depuis la diffusion du programme sur France 2, jeudi 30 novembre, le leader de La France insoumise multiplie les critiques contre la chaîne, accusée d'avoir organisé un "traquenard médiatique" contre lui. Franceinfo reprend le fil de la polémique.

>> VIDEOS. Les six séquences à retenir de "L'Emission politique" avec Jean-Luc Mélenchon

1L'émission se finit dans une ambiance tendue

Tout commence à la fin de l'émission, quand Nathalie Saint-Cricq et Jean-Baptiste Marteau, journalistes à France 2, s'asseyent à la table pour questionner l'invité. "Est-ce que vous allez commencer par vous excuser d'avoir fait un reportage tronqué sur mon discours ?" lance d'emblée Jean-Luc Mélenchon, en référence à la diffusion dans le "20 heures" d'une citation tronquée de son discours de la convention du mouvement. Une erreur pour laquelle la rédaction de France 2 s'est excusée à l'antenne.

Laïcité, drapeau de l'Union européenne... L'échange, tendu, se poursuit. Jean-Luc Mélenchon accuse alors Nathalie Saint-Cricq de faire du "journalisme militant". Il reproche à la cheffe du service politique de France 2, qu'il dit avoir "connue au PS", d'avoir toujours été "malveillante" à son égard – "J'étais journaliste suivant le PS, je n'étais pas au PS", répond-elle – et à Jean-Baptiste Marteau d'avoir "milité à l'UMP" – ce qu'il a reconnu dans un entretien au Courrier picard. L'émission s'achève dans une ambiance glaciale.

2La France insoumise contre-attaque

Mais La France insoumise n'a pas dit son dernier mot. Vendredi 1er décembre, Thomas Guénolé, politologue devenu militant du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, annonce avoir déposé une plainte devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Motif : la "politisation" de Pauline Laigneau et Laurence Debray, deux Françaises invitées à débattre contre le leader de La France insoumise. Articles de presse à l'appui, il accuse la première d'être "ouvertement tenante d'une position ultra-libérale" et qualifie la seconde d'"ex-banquière et macroniste".

Lundi 4 décembre, c'est Jean-Luc Mélenchon qui remet lui-même le sujet sur la table. "Les journalistes Léa Salamé, François Lenglet et Nathalie Saint-Cricq ont organisé un traquenard médiatique, ils ont abusé de leur autorité pour truquer des chiffres et mentir délibérément", accuse-t-il dans un long post de blog. Il reproche à France 2 d'avoir "faussé l'identité de personnes convoquées sur le plateau pour incarner 'des Français moyens'" et d'avoir pris la défense des "voleurs du fisc".

"Auprès de qui se plaindre ? Où faire redresser la situation ? Quelle sanction faire appliquer pour dissuader de recommencer ?" s'interroge-t-il, regrettant qu'il n'y ait "rien sauf le lourd appareil judiciaire et l'extrémité de la plainte en diffamation". Il propose donc la création d'"un tribunal professionnel qui puisse être saisi et qui ait le pouvoir de sanction symbolique contre les menteurs, les tricheurs, les enfumeurs", évoquant le lancement d'une pétition en ce sens.

3France Télévisions défend ses journalistes

Interrogée par l'AFP, la direction de l'info de France Télévisions indique qu'elle "rejette fermement les accusations de 'guet-apens' et de 'traquenard' et soutient pleinement l'équipe de 'L'Emission politique', dont certains membres ont fait l'objet d'attaques ad hominem". Elle relève également que le leader de la France insoumise "n'en est pas à sa première participation [à l'émission] et a déjà été soumis aux mêmes séquences et au même traitement que les autres invités".

En ce qui concerne le choix des invités amenés à débattre avec Jean-Luc Mélenchon, la rédactrice en chef de "L'Emission politique", Alix Bouilhaguet, explique à Libération avoir "fait un vrai travail de vérification". "On regarde si l’invité est membre d’un parti politique ou militant, et si c’est de nature à apporter quelque chose au débat, on le signale, a-t-elle détaillé. En l’occurrence, dire que Laurence Debray a voté Macron aux deux tours, ça n’a aucune incidence. Ce n’est pas de nature à améliorer la qualité du débat."

De son côté, la Société des journalistes de France 2 dénonce une attaque "indigne d'un responsable politique".

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