Militante à l'Unef, porte-parole d’Oxfam… Sept choses à savoir sur Manon Aubry, tête de liste de La France insoumise aux européennes
Militante syndicale et activiste au sein de plusieurs ONG, Manon Aubry mène sa première campagne électorale. Franceinfo dresse son portrait.
La surprise du chef. En décembre, à quelques mois des élections européennes, La France insoumise a révélé le nom de sa tête de liste : une certaine Manon Aubry. A l'époque, la porte-parole de l'ONG Oxfam France est peu connue du grand public... et du mouvement lui-même. Depuis, cette femme de 29 ans, placée en duo avec l'ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard, multiplie les apparitions publiques. Franceinfo dresse le portrait de cette militante associative qui s'est jetée dans le grand bain de la politique.
1Elle a mené la contestation contre le CPE dans son lycée
La conscience politique de Manon Aubry est née tôt. Très tôt. La jeune femme d'origine corse, née à Fréjus (Var) en décembre 1989, a affûté ses armes dès ses années lycée. En 2005, elle milite pour le "non" à la Constitution européenne. L'année suivante, du haut de ses 16 ans, elle organise la fronde contre le contrat première embauche (CPE) voulu par Dominique de Villepin, dans son lycée de Saint-Raphaël, raconte Libération.
Une première expérience de mobilisation qui lui permet de croiser un (futur) opposant politique. A la même époque, un certain David Rachline, de deux ans son aîné, fréquente le même établissement. "Le fruit du hasard", répète-t-elle. Quelques années plus tard, David Rachline deviendra le maire frontiste de Fréjus, puis le plus jeune sénateur de l'histoire de la Ve République.
2Elle a été dans la même promo que le secrétaire d'Etat Gabriel Attal
Manon Aubry poursuit son engagement lorsqu'elle arrive à Paris, pour faire ses études à Sciences Po. Rapidement, elle milite à l'Unef, le principal syndicat étudiant de gauche. Mais pas question d'être réduite au rôle de satellite du Parti socialiste : elle refuse tout rapprochement avec un parti politique.
Ce passage rue Saint-Guillaume est aussi l'occasion de croiser de futures personnalités politiques. Manon Aubry se retrouve ainsi dans la même promotion que Gabriel Attal, actuel secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale. Pour autant, elle ne s’approche pas de "ceux qui rêvaient déjà d’une carrière politique", tacle-t-elle dans Le JDD (article abonnés). Après son diplôme en affaires internationales et droits de l'homme, elle choisit la voie associative. Elle part vivre un an au Liberia pour Médecins du monde et presque deux ans en République démocratique du Congo pour un programme de l’ONG Carter Center sur les pratiques des grosses entreprises minières.
3Elle a été porte-parole de l'ONG Oxfam France
La spécialité de Manon Aubry ? La justice fiscale et les inégalités. Et pour cause : elle a été la porte-parole chargée de ces questions pour la branche française de l'organisation de développement Oxfam, de 2014 à 2018. "J'ai traqué les plus fortunés qui ne paient pas leur juste part d'impôt et qui font de l'évasion fiscale. Traqué les grandes multinationales qui préfèrent reverser de l'argent à quelques actionnaires zélés plutôt qu'à la vaste majorité des salariés qui produisent les richesses", explique-t-elle dans une vidéo. En 2017, Manon Aubry participe notamment à une étude intitulée Banques en exil : comment les grandes banques européennes profitent des paradis fiscaux.
En 2018, elle quitte l'ONG pour se lancer dans la campagne des européennes. Avant de faire ce choix de carrière décisif, elle sollicite Cécile Duflot, actuelle directrice générale d'Oxfam France et ancienne députée EELV, qui a pris le chemin inverse. "On a discuté de ce que c'était qu'être une femme dans un milieu d'hommes, une jeune chez les vieux, une novice parmi les requins… Ça ne m'a pas rassurée !" raconte Manon Aubry à Paris Match. Mais pas de quoi la décourager non plus.
4Elle n'a aucun lien avec Martine Aubry
Voilà, c'est dit. Manon Aubry n'a aucun lien familial avec Martine Aubry, la maire socialiste de Lille. "Je n'ai rien à voir avec elle", explique-t-elle à L'Obs. Avant d'ajouter aussitôt en riant : "Je n'ai aucun problème avec elle." En effet, Manon Aubry est la fille de Catherine Poggi-Aubry, ancienne journaliste à Var-matin et militante de gauche. En outre, la tête de liste a grandi bien loin du Nord, dans le Var.
Non (ou alors on me l'aurait bien caché ;-))
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) 26 juin 2018
5Sa mère est (aussi) sur la liste des Insoumis aux européennes
Manon Aubry n'est pas la seule de sa famille à être candidate aux élections européennes. Sa mère, Catherine Poggi-Aubry, figure aussi sur la liste. Cette dernière s'est engagée au Parti de gauche en 2015 et a déjà été candidate avec La France insoumise aux législatives de 2017.
Sa présence a été critiquée sur les réseaux sociaux, tout comme celle du gendre de Jean-Luc Mélenchon. Cette proximité alimente en effet des soupçons de "copinage" sur la liste. Manon Aubry explique qu'elle a demandé à retirer la candidature de sa mère de la liste, mais que le comité électoral, composé à 60% d'Insoumis tirés au sort, n'a pas voulu.
6Elle a fait de la natation en compétition et continue le water-polo
Manon Aubry n'a pas livré bataille que sur le terrain politique. La candidate pratique aussi la natation depuis de longues années. A son adolescence, elle participe même à des compétitions avec Saint-Raphaël Natation, dans le Var. A son palmarès, une 60e place nationale des moins de 15 ans en 200 mètres dos en 2003 ou encore une 122e place des moins de 16 ans en 400 mètres nage libre en 2004, selon la Fédération française de natation.
Ces dernières années, Manon Aubry est restée dans le grand bain, mais pour pratiquer le water-polo. Elle est membre d'un club du 18e arrondissement de Paris. Et compte bien continuer ses entraînements hebdomadaires malgré la campagne. "C'est un sport où l'on prend pas mal de coups. Un peu comme en politique, non ?" lance-t-elle dans L'Obs.
7Elle n'a jamais adhéré à un parti (mais était convoitée par Hamon et Glucksmann)
Novice en politique, Manon Aubry a été très convoitée pour ces élections européennes. Elle affirme ainsi avoir été contactée par le mouvement Génération.s de Benoît Hamon, ainsi que par Place publique de Raphaël Glucksmann, qui mène désormais une liste avec le Parti socialiste. C'est finalement à La France insoumise qu'elle a décidé de se rallier… après avoir hésité. Elle qui a longtemps milité avec des syndicats et des ONG n'a jamais adhéré à un parti avant d'être propulsée tête de liste LFI. "Je passe directement de l'autre côté, c'est un peu bizarre", résume-t-elle dans Paris Match.
Cette décision n'a pas été prise à la légère. Après la proposition de Jean-Luc Mélenchon, en août 2018, Manon Aubry revient le voir avec une dizaine de pages de questions. Histoire de s'assurer que le programme défendu correspond bien à ses convictions. S'ensuit un dîner de six heures avec le patron de La France insoumise et son bras droit Manuel Bompard. Un échange décisif avant de se lancer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.