Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon "est devenu la gauche, en quelque sorte"
Pour le sociologue Nicolas Framont, Jean-Luc Mélenchon, en hausse dans les sondages, est devenu le candidat légitime à gauche pour la présidentielle.
Jean-Luc Mélenchon est passé, pour la première fois, devant François Fillon dans les intentions de vote du premier tour de l'élection présidentielle, d'après le sondage Kantar Sofres One Point pour Le Figaro, LCI et RTL publié dimanche 9 avril. D'après ce sondage, le candidat de la France insoumise est désormais crédité de 18% des intentions de vote, devant le candidat de la droite et du centre dont le score reste stable (17%) par rapport à la mi-mars.
Jean-Luc Mélenchon "s’inscrit dans des thèmes qui sont porteurs dans la population française à l’heure actuelle", tels que le "rejet de la loi Travail", explique Nicolas Framont, sociologue, enseignant à Paris 4 et auteur de Les candidats du système. "Il est devenu la gauche, en quelque sorte."
franceinfo : Comment expliquez-vous que Jean-Luc Mélenchon serait aujourd’hui la personnalité politique préférée des Français ?
Nicolas Framont : Cela me surprend que ça arrive aussi tardivement. Il me semble en effet qu’il s’inscrit dans des thèmes qui sont porteurs dans la population française à l’heure actuelle. Je pense à des dynamiques qu’on observe depuis un an, comme le rejet de la loi Travail. Il en est le candidat le plus dépositaire. Le thème du changement institutionnel qu’il porte avec son projet de la 6e République entre forcément en ce moment en résonnance avec le désir des Français. Idem pour l’Europe. Il fait preuve d’une volonté de mettre fin à une certaine Europe des traités, une Europe de l’austérité qui se rencontre avec le désir de la population. Cet engouement n’est pas nouveau. Son programme était en tête des ventes dès Noël.
Pourquoi Benoît Hamon est-il si bas et Jean-Luc Mélenchon si haut dans les intentions de vote ?
Cela avait bien commencé pour Benoît Hamon, car il avait la légitimité de la primaire. Mais il faut reconnaître que contrairement à Jean-Luc Mélenchon, qui a eu un programme stable depuis presque six mois, Benoît Hamon a proposé plusieurs programmes successifs. Son programme pour la primaire a été tellement modifié que sur certains points, il a perdu en clarté. Il est moins clair vis-à-vis du président sortant ou des traités européens. Son projet de revenu universel est de plus en plus vague. Face à Jean-Luc Mélenchon, qui au niveau de son style et de sa capacité orale, est supérieur, le candidat socialiste souffre de ses positionnements flous.
En 2012, Jean-Luc Mélenchon avait fait une bonne campagne, mais il avait fini par s’essouffler, avec 11% des voix et une quatrième position au premier tour. Qu’est-ce-qui fait qu’il pourrait faire mieux ?
Le changement du Parti socialiste. En 2012, Jean-Luc Mélenchon se heurtait à François Hollande, le Hollande du Bourget qui disait que son ennemi était la finance, qui avait fait une campagne assez à gauche, et qui était devenu le candidat légitime de la gauche. Aujourd’hui, il n’y a plus de candidat légitime. En tout cas, ce n’est plus le Parti socialiste. Cela a donc dégagé un boulevard pour Jean-Luc Mélenchon. Sa légitimité est d’autant plus grande qu'il peut passer devant Fillon. Il est devenu la gauche, en quelque sorte.
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