Trois questions sur l'affaire des assistants parlementaires du MoDem, dans laquelle Sylvie Goulard est citée
L'éphémère ministre des Armées du premier gouvernement d'Edouard Philippe a été désignée mercredi 28 août candidate de la France pour un poste de commissaire européenne. Elle sera, comme les autres candidats, auditionnée en septembre par le Parlement européen.
Et parmi les questions délicates auxquelles elle pourrait être amenée à répondre, celle de son implication dans l'affaire des emplois fictifs au sein du MoDem, le parti centriste auquel elle appartient. Une affaire d'autant plus délicate pour Sylvie Goulard que ces emplois fictifs auraient été financés par des fonds du Parlement européen.
Quels sont les soupçons qui pèsent sur le parti centriste ?
Des élus du MoDem auraient puisé dans l'enveloppe allouée par le Parlement européen pour, en fait, rémunérer à temps partiel au moins une dizaine de salariés travaillant exclusivement ou essentiellement pour le parti, à une époque où ses comptes étaient dans le rouge, après plusieurs revers électoraux. Plusieurs témoignages sont venus étayer cette hypothèse : celui de l'ancien assistant parlementaire de Jean-Luc Bennahmias, qui a révélé ce système, et celui, accablant, de l'ex assistante personnelle de François Bayrou et Marielle de Sarnez.
Dans son audition, que nous avons pu consulter, cette femme dit très clairement qu'entre 2010 et 2015, son "travail" d'assistante parlementaire de Muriel de Sarnez se bornait à réserver quelques billets de train pour Bruxelles et Strasbourg : "J'étais sa gouvernante, a estimé cette ex salariée face aux enquêteurs, je gérais toutes ses affaires privées, jusqu'au suivi de la construction de sa maison sur l'île de Patmos, en Grèce".
En revanche, l'assistant parlementaire qui aurait été imposé à Sylvie Goulard par le parti, un très proche de François Bayrou, aurait fourni selon cette ancienne salariée du Modem "un réel travail d'assistant parlementaire".
Où en est l'enquête ?
Depuis l'ouverture d'une information judiciaire en juillet 2017 pour "abus de confiance et escroquerie", l'enquête progresse lentement. Selon nos informations, une vingtaine de personnes ont été entendues depuis deux ans par les policiers de l'OCLCIFF, l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières. Essentiellement d'anciens salariés du Modem et/ou d'ex assistants parlementaires. Aucune mise en examen n'a été réalisée pour l'heure dans ce dossier, ni aucune garde à vue.
A l'exception de Corinne Lepage et de Jean-Luc Bennahmias, aucune personnalité de premier plan n'a d'ailleurs été auditionnée par les enquêteurs. Cette affaire a pourtant contraint non seulement Sylvie Goulard à démissionner de son poste de ministre des Armées, mais aussi Marielle de Sarnez puis finalement François Bayrou, garde des Sceaux.
Pourquoi est-ce si lent ?
D'abord parce que l'écheveau est difficile à démêler, contrairement par exemple à l'affaire des assistants parlementaires européens de l'ex Front national : là il s'agit de soupçons sur des assistants accrédités, avec des badges qui permettent notamment de retracer leur présence – ou leur absence – au Parlement.
Pour le Modem, ce sont des statuts d'assistants locaux, censés aider le député dans sa circonscription. Des milliers de mails et de documents ont été saisi lors de la perquisition au siège du parti. Mais à notre connaissance, un seul policier de l'OCLCIFF est à temps plein sur cette enquête. Et la juge d'instruction qui chapeaute le dossier a la réputation de prendre son temps. Cette affaire risque d'empoisonner encore un moment Sylvie Goulard et le MoDem.
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