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Municipales : les petites communes face à la parité

A l'occasion des prochaines municipales, certaines règles électorales ont été modifiées. Il est par exemple désormais obligatoire, pour les communes de plus de 1.000 habitants, de présenter des listes paritaires alternées, c'est-à-dire avec autant d'hommes que de femmes. Mais dans certains villages, il est parfois compliqué de trouver des candidates, comme à Smarves dans la Vienne.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Matthieu Mondoloni Radio France)

Auparavant, l'obligation de parité sur les listes électorales ne concernait que les villes de plus de 3.500 habitants. Mais à compter des prochaines élections municipales, toutes les communes de plus de 1.000 habitants doivent désormais présenter des listes paritaires alternées. Les candidats doivent donc composer avec autant d'hommes que de femmes.

Si la majorité des communes y parviennent sans grande difficulté, ce n'est pas le cas de toutes. A Smarves, un village de 2.600 habitants situés dans la Vienne, deux listes s'affronteront au mois de mars. Mais il s'en est fallu de peu pour qu'il n'y en ait qu'une.

La liste d'opposition vient en effet seulement de trouver assez de candidats. "Il nous manquait deux femmes et nous ne parvenions pas à convaincre celles que nous rencontrions , explique Pascale Siredey, qui brigue le poste de maire. Certaines nous disaient qu'elles ne se sentaient pas capables d'un tel engagement, ou qu'elles avaient trop d'activités par ailleurs. "

C'est aussi qu'il est plus facile pour "un homme de dire qu'il va à une réunion à la mairie ". "Si la femme dit la même chose, monsieur la regarde avec des gros yeux en lui demandant qui va donner à manger au petit ", renchérit Thierry Montero, l'un des colisitiers.

Cette obligation de parité pose pour lui un autre problème : "Si on arrive pas à monter une deuxième liste dans une commune de 2.600 habitants, c'est un vrai problème de démocratie. On ne laisse pas le choix aux citoyens ", d'autant qu'il est également désormais interdit, dans les villes de plus de 1.000 habitants, de panacher.

Concilier vie familiale et vie d'élue

Si la liste d'opposition a eu des difficultés à trouver des candidates, ce n'est pas le cas de celle du maire sortant. Philippe Barrault explique avoir facilement convaincu des femmes de se présenter à ses côtés. Mais il a également du faire face à des désistements d'élues actuelles, qui ne souhaitaient pas se représenter.

C'est le cas de Vanessa Peltier, 41 ans, mère de trois enfants. Elue conseillère municipale en 2008 à alors juste 35 ans, la politique est pour elle une histoire de famille : son grand-père était maire d'un village, sa tante conseillère municipale. Pourtant, elle ne briguera pas un nouveau mandat, car "c'est très compliqué de concilier vie de famille, vie professionnelle et vie d'élue ".

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Philippe Barrault a donc du trouvé une autre femme pour la remplacer. Il est allé taper à la porte de Christelle Labelle, assistante de direction et mère de deux enfants. "Quand il m'a proposé d'être candidate, je me suis laissé deux mois de réflexion, car c'est un engagement qui demande du temps et je n'en ai pas beaucoup. Mais après avoir discuté avec ma famille, ils m'ont dit 'vas-y, fonce!'", explique-t-elle.

Le maire sortant, Philippe Barrault est ravi de cet engagement. Il est évidemment favorable à la parité, et la pratiquait déjà en 2008, lors de sa première élection. Ce qu'il regrette en revanche, c'est le caractère obligatoire qu'elle revêt désormais. "Le danger, c'est qu'on cherche des femmes parce qu'elles sont des femmes et non parce qu'elles ont des compétences ", affirme cet ancien directeur des services à la mairie.

Il se dit d'ailleurs ravi d'affronter une femme, Pascale Siredey, pour la mairie. "C'est ça aussi la parité ". Et c'est également l'objectif de cette réforme du code électoral. En 2008, si les femmes étaient 35% à siéger dans les conseils municipaux, elles n'étaient que 14% à diriger une mairie.

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