Nicolas Sarkozy a présenté ses voeux jeudi aux forces économiques du pays lors d'un déplacement en Haute-Garonne
S'exprimant devant les salariés et les dirigeants d'Airbus à Blagnac, le chef de l'Etat a plaidé pour l'arrêt des délocalisations des sous-traitants aéronautique.
"Il faut vraiment qu'on travaille avec les ministres sur la filière aéronautique pour lui donner des capitaux et pour lui permettre d'être compétitive" a-t-il lancé.
Parité euro-dolar
Le chef de l'Etat a par ailleurs estimé que la parité entre l'euro et le dollar, qui oscille entre 1,29 et 1,30 dollar pour un euro, était encore "trop" élevée mais a promis à nouveau de défendre l'euro, lors d'une allocution informelle devant quelques dizaines de salariés d'Airbus, avant de présenter ses voeux aux forces économiques.
"Je sais parfaitement que 0,1 point de plus sur l'euro c'est un milliard de coût pour l'entreprise (Airbus). Vous voyez ce qu'en tant que président du G20 la France essaie de faire avec le système monétaire international et éviter ce dumping monétaire mais je vous le dis, je défendrai l'euro", a-t-il ajouté.
"Je ne laisserai pas défaire l'euro. Si on laisse tomber l'euro, on laisse tomber l'Europe. Je connais vos problèmes de parité, on va se battre. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain", a insisté le chef de l'Etat.
Convergence des systèmes fiscaux
"On ne peut pas parler d'intégration économique sans convergence des systèmes fiscaux", a-t-il dit devant le personnel de l'usine d'Airbus à Blagnac.
Prenant l'exemple de l'Irlande, Nicolas Sarkozy a estimé que ce pays ne peut demander à l'Union européenne de l'aider à surmonter sa crise de la dette tout en gardant un taux d'imposition des sociétés très bas. "Je respecte profondément l'indépendance de nos amis irlandais et nous avons tout fait pour les aider. Mais ils ne peuvent durablement nous dire 'venez nous aider' et continuer à garder un impôt sur les bénéfices des sociétés moitié moindre" que les autres, a-t-il ajouté. "C'est un problème de bon sens".
Calendrier chargée
Mercredi, devant son gouvernement, Nicolas Sarkozy a promis une année active aux députés, sénateurs, députés européens et élus du Conseil de Paris, réunis à l'Elysée rappelant qu'il restait "très peu de temps législatif utile" jusqu'à la fin de son mandat.
Jurés populaires
Dans la longue liste des textes qui seront discutés par le Parlement en 2011, Nicolas Sarkozy a surtout insisté sur sa volonté d'introduire des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels. Une mesure qui doit, selon lui, "réduire le fossé qui s'est créé petit à petit, toutes ces dernières années, entre le monde de la justice et le peuple français".
Il a également estimé que cette mesure, que le gouvernement espère faire voter "vers la fin de l'année", constituait "un acte d'intégration, un acte de citoyenneté, un acte de prise de participation aux décisions les plus difficiles de la République".
Le Président a également rappelé l'urgence de la réforme de la dépendance, malgré l'approche de la présidentielle de 2012. "Qui peut penser que dans un an et demi, ce sujet sera moins urgent et sera plus facile à traiter", a-t-il estimé, "le gouvernement doit sur ce sujet faire preuve de courage et le parlement (...) aura à prendre ses responsabilités".
Pêle-mêle, il a ensuite évoqué la réforme de la fiscalité du patrimoine, rappelé sa volonté d'inscrire "le principe de la maîtrise des finances publiques" dans la Constitution ou d'ouvrir le chantier "de la simplification du stock des normes existantes".
Reconnaissance du travail des parlementaires
Nicolas Sarkozy n'a cessé de féliciter les élus pour leurs "choix décisifs", notamment l'adoption de la réforme des retraites, "un acte de courage et de responsabilité". Il a également évoqué le "symbole" de l'interdiction du port du voile intégral.
Plus généralement, le président s'est réjoui de ses rapports avec les parlementaires "bien meilleurs que certains commentateurs ne le disent".
Il s'est enorgueilli de n'avoir "depuis trois ans et demi jamais fait usage" de l'article 49.3 de la Constitution qui permet au gouvernement de faire passer un texte en force à l'Assemblée. Et de rappeler que François Mitterrand y avait eu recours 50 fois, Valéry Giscard d'Estaing 6 et Jacques Chirac 5.
Un discours qui a séduit la droite
Le chef de l'Etat n'a pas abordé de sujets fâcheux, et a même évoqué l'idée de réunir députés et sénateurs en Congrès en 2011 pour les tenir informés des "détails des chantiers" de la présidence français des G8 et G20.
Boycotté par le PCF et le Front de gauche et très largement boudé par les socialistes, à l'exception du député René Dosière ou du maire de Paris Bertrand Delanoë, le discours a séduit la droite.
Seul, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a joué les trublions en regrettant le "discours technique" du chef de l'Etat. "Il est dans sa bulle: je réforme donc je suis. Mais pourquoi faire ?", s'est-il demandé.
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