Nicolas Sarkozy fait une entrée musclée dans la campagne, en ciblant violemment François Hollande
Dimanche 19 février, Nicolas Sarkozy a tenu son premier "grand" meeting de la campagne. A Marseille, il a attaqué frontalement François Hollande. Le président a définitivement endossé les habits de candidat.
Nicolas Sarkozy a durci le ton de sa campagne présidentielle dimanche à Marseille et accusé, sans jamais le nommer, François Hollande de ne pas "aimer la France" ou de mentir aux Français en se présentant en candidat du "peuple contre les élites".
Amour de la France
Devant plus de 10.000 partisans survoltés, le Premier ministre François Fillon, le patron de l'UMP Jean-François Copé, ainsi que son épouse Carla, le président candidat a repris le ton très offensif inauguré jeudi lors de sa première sortie à Annecy pour dénoncer pendant près d'une heure la "faiblesse", les "mensonges" et le manque de "courage" de son rival.
Même s'il a assuré souhaiter "un débat d'une certaine tenue", Nicolas Sarkozy a longuement opposé sa politique, expression de son "amour de la France", aux propositions de son rival socialiste, reflet d'un candidat qui ne l'aime pas.
"Aimer la France, c'est refuser d'accepter les 35 heures (...) c'est refuser de promettre la retraite à 60 ans (...) c'est refuser d'augmenter les dépenses et d'augmenter les impôts en pleine crise de la dette (...) c'est refuser d'aborder l'immigration par la seule posture idéologique", a-t-il lancé.
"Quand on aime la France, on n'est pas du côté de ceux qui, pour défendre leurs intérêts, bloquent le pays et prennent les Français en otage (...) on a l'obsession de ne pas l'affaiblir (...) on dit la vérité aux Français sur ce que l'on veut faire, sinon on jette le discrédit sur la parole publique", a poursuivi le chef de l'Etat sous les applaudissements.
Attaque contre Hollande
Comme il l'avait fait à Annecy, il a illustré son propos en accusant le candidat du PS de double discours sur la finance, d'avoir "fait semblant d'être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris". "Où est la vérité quand on dit tout et son contraire ?", a-t-il demandé.
Dénonçant sa "violence" et son "agressivité", François Hollande a traité les propos du président par le mépris. "La violence et l'insulte (sont) un signe de faiblesse", a-t-il répliqué sur BFMTV, "ce n'est pas parce qu'il y en a un qui veut vous chercher dans la cour de récréation que vous êtes obligés d'aller le suivre dans ce pugilat, je m'y refuse".
En plus de cette charge personnelle, le candidat de l'UMP a encore fustigé, comme en Haute-Savoie, l'accord électoral PS/EELV sur la réduction de la part du nucléaire en estimant qu'il équivalait à "voler le travail des ouvriers" de la centrale de Fessenheim "pour glaner quelques voix sur le tapis vert".
"Bilan courageux"
A l'inverse, il a insisté sur son bilan "courageux" face aux crises qui ont marqué son mandat. "La France a résisté, la France a tenu et les Français ont fait face (...) nous avons réussi à éviter la catastrophe", a-t-il répété à plusieurs reprises en renvoyant ceux qui en doutent aux situations de l'"ouvrier grec" ou du "chômeur espagnol".
S'il a reconnu que leurs effets avaient été "masqués par les dégâts de la crise", le président a également assuré que ses nombreuses réformes avaient permis à la France de "renouer avec ses valeurs", énumérant "travail", "effort", "courage", "intelligence", "responsabilité et autorité".
Nicolas Sarkozy est également revenu sur sa volonté d'imposer, en cas de victoire, un référendum sur l'indemnisation et la formation des chômeurs et la lutte contre l'immigration illégale.
"Candidat du peuple"
"Je veux être le candidat du peuple de France. Je ne serai pas le candidat d'une petite élite contre le peuple", a-t-il affirmé, fustigeant "ceux qui pensent que se tourner vers le peuple c'est du populisme". Parmi ces élites, il a critiqué les banquiers et patrons qui ont "trahi" les valeurs qu'ils devaient défendre en s'accordant des rémunérations qui "défient le sens commun".
Dans la foulée, M. Sarkozy a porté le fer contre les corps intermédiaires "qui n'aiment rien tant que l'immobilisme".
Au nom de ce respect du "peuple", il s'est aussi prononcé pour ajouter "à la marge" d'une dose de proportionnelle pour les législatives, jugeant que le mode de scrutin actuel, majoritaire à deux tours, tenait "à l'écart (...) de grands courants de notre vie politique", allusion au Front national.
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