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Nicolas Sarkozy sur France 2 : les deux défis du président de la République

Moins de 24 heures après le nouveau plan entériné à Bruxelles pour sauver la zone euro, Nicolas Sarkozy s'adresse, jeudi soir, à partir de 20h15, aux Français. Interrogé, notamment par Yves Calvi, le chef de l’État devra expliquer et rassurer.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le Président Nicolas Sarkozy a appelé les parlementaires à se rassembler au-delà "des intérêts partisans" au nom des comptes publics de la France. (AFF - Fred Dufour)

Moins de 24 heures après le nouveau plan entériné à Bruxelles pour sauver la zone euro, Nicolas Sarkozy s'adresse, jeudi soir, à partir de 20h15, aux Français. Interrogé, notamment par Yves Calvi, le chef de l'État devra expliquer et rassurer.

Deux objectifs ou deux défis pour Nicolas Sarkozy, jeudi soir, sur France 2 et TF1 à partir de 20h15. Interrogé par Yves Calvi (France Télévisions) et Jean-Pierre Pernaut (TF1), le président de la République devra expliquer le plan de sauvetage de la zone euro arraché dans la nuit à Bruxelles et préparer les Français aux efforts à venir.

Quelques heures à peine après la conclusion d'un accord européen présenté comme "décisif", le chef de l'Etat aura certainement à cœur de s'afficher comme leur meilleur rempart contre la crise, dans la perspective de la joute présidentielle. Cette intervention intervient après une longue séquence politique au cours de laquelle le PS a tenu le haut du pavé avec l'organisation de sa primaire.

Après huit longs mois d'abstinence médiatique, le mot d'ordre de ce retour sur le petit écran est clair : "pédagogie et décryptage", résume un proche du président. "Dire la vérité aux Français sur la gravité de la crise et montrer le cap à suivre dans les semaines et les mois qui viennent pour tenter d'en limiter les effets", ajoute un membre du gouvernement.

"Catastrophe" évitée ?

Comme il l'a fait dès jeudi matin, M. Sarkozy devrait d'abord insister sur l'importance de l'accord conclu à Bruxelles pour convaincre les Français que la "catastrophe" a été évitée. "Nous avons adopté les éléments d'une réponse globale, d'une réponse ambitieuse, d'une réponse crédible à la crise que traverse la zone euro", a-t-il déjà résumé.

Sans surprise, la majorité lui a emboîté le pas en assurant, comme le ministre de l'Economie, François Baroin, que cet accord a sauvé l'euro et va "régler l'affaire" ou en insistant, comme nombre de ses collègues, sur la contribution personnelle "décisive" du président français.

Sans plus de surprise, la gauche, qui reproche au chef de l'Etat d'avoir cédé face aux exigences de la chancelière allemande, Angela Merkel, a relativisé les résultats du conclave bruxellois. Plusieurs ténors socialistes ont noté qu'il s'agit d'un accord "à minima" ou tout juste "correct".

Un "désastre" pour Jean-Luc Mélenchon

Sur la même longueur, l'eurodéputé écologiste Daniel Cohn-Bendit a parlé d'un "tout petit pas" vers la résolution de la crise, alors que la candidate d'Europe écologie-Les Verts (EELV) a dit qu'il s'agit d'un "cautère sur une jambe de bois". Tous deux se sont inquiétés du recours à la Chine pour combler les trous.

Beaucoup plus radical, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélechon a évoqué un "désastre".

Au-delà de cette gestion médiatique des réactions hostiles, mais attendues, de l'opposition, M. Sarkozy devra s'attacher à rassurer l'opinion qui s'inquiète, à bon droit, des retombées hexagonales de la tornade financière qui balaie l'Europe, Allemagne mise à part.

L'exercice sera d'autant plus compliqué qu'il tombe en même temps que les chiffres du chômage. Révélées mercredi soir, les dernières statistiques mettent en évicence une montée brutale du nombre de demandeurs d'emploi à un niveau spectaculaire.

Le rêve et la réalité

Alors que tous les indicateurs économiques et financiers sont au rouge, le gouvernement a déjà fait savoir qu'il révisera prochainement sa prévision de croissance pour 2012 - celle sur laquelle est assis le projet de budget qui vient d'être adopté par les députés. Cette reconfiguration économique ouvrira la porte à un nouveau plan de rigueur, indispensable pour tenir les objectifs intangibles de réduction des déficits.

Ce sont donc les paramètres de ce plan de rigueur - relèvement de la TVA, surtaxe d'impôt sur les sociétés ou réduction des dépenses sociales - qui intéressent au premier chef les Français. Alors que les choix ne sont pas encore annoncés, ils perturbent déjà sérieusement la majorité. Le président éclairera-t-il la lanterne de ses concitoyens ? Rien n'est moins sûr.

Quoi qu'il en soit, M. Sarkozy devra trouver les mots justes pour s'extirper d'une situation qui le maintient au plus bas dans les sondages depuis de nombreux mois. Et convaincre l'opinion qu'il est mieux placé que son principal challenger, François Hollande, pour conduire le pays sur la voie du redressement. Malheureusement pour lui, ce n'est pas ce qu'indiquent actuellement les enquêtes d'opinion.

Il sera sûrement question, jeudi soir sur France 2, de la réalité des uns et du rêve des autres.

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