Nicolas Sarkozy revient à l'UMP, mais avec qui ?
Après plusieurs mois de faux suspense, l'ancien chef de l'Etat a annoncé son retour sur la scène politique, en officialisant sa candidature à la présidence de l'UMP.
Le faux suspense, qui durait depuis des mois, a pris fin. Après avoir savamment orchestré son hésitation à revenir sur le devant de la scène politique, Nicolas Sarkozy a enfin officialisé son désir de briguer la présidence de l'UMP, vendredi 19 septembre, à l'occasion du prochain congrès du parti, qui doit se tenir en novembre. Francetv info en profite pour donner un coup de projecteur sur ceux qui l'entoureront dans cette reconquête.
Les hommes de l'ombre
Autour de lui va d'abord graviter un trio d'hommes-clés, que le grand public ne connaît pas. Il y a là Michel Gaudin (à gauche). A 66 ans, l'ex-patron de la police nationale et ancien préfet de police de Paris est l'un des plus fidèles collaborateurs de Nicolas Sarkozy, dont il dirige le cabinet depuis la défaite de 2012. Grâce à ses réseaux, en particulier ceux qu'il a gardés au sein de la police, cet énarque discret fait encore aujourd'hui partie des hommes les mieux informés de la République, et apparaît à ce titre comme la vigie de l'ancien chef de l'Etat, son aide de camp.
A ses côtés, un autre "grand flic", Frédéric Péchenard (au centre), aura le titre de directeur de campagne. Comme Gaudin, Péchenard a été préfet. Comme lui, il a dirigé la police nationale. Et comme lui, il est un fidèle parmi les fidèles de Sarkozy, qu'il fréquente depuis l'adolescence. Ceux qui le connaissent bien soulignent son sens de l'organisation, son profil de meneur d'hommes, son franc-parler. Des qualités qui l'ont poussé à se lancer en politique, à l'occasion des dernières municipales, dans le 17e arrondissement de Paris, où il a toujours vécu. D'abord pour aider Nathalie Kosciusko-Morizet dans la capitale, mais surtout, reconnaissait-il dans Libération, "pour aider Nicolas à revenir à l'Elysée". Une mission qu'il va donc poursuivre activement. Avec le ministère de l'Intérieur en ligne de mire personnelle ?
Enfin, le trio sera complété par la présence, en coulisses, de Pierre Giacometti (à droite). Ancien patron de l'institut de sondages Ipsos, Giacometti s'est rapproché dès 2007 de Nicolas Sarkozy, qui l'a décoré de la Légion d'honneur en 2008. Ils sont aujourd'hui amis. Depuis deux ans, ces deux-là se voient et discutent en permanence. Spécialiste en communication et en analyse d'opinion, "Giaco", 52 ans, a remplacé les Buisson, Guéant et autres Guaino. Au point d'apparaître aujourd'hui comme le stratège indispensable de Nicolas Sarkozy.
Les sarkozystes historiques
L'ancien président de la République ne compte pas répudier les sarkozystes de la première heure. Cet été, ces derniers se sont pourtant inquiétés d'entendre, dans la presse, que l'ancien chef de l'Etat allait renverser la table et rajeunir sa galaxie. D'autant que par le passé, Nicolas Sarkozy a déjà prouvé qu'il ne récompensait pas toujours les plus fidèles.
En réalité, l'ami de toujours, Brice Hortefeux, aura bien une place de choix dans la campagne pour la présidence de l'UMP. Le contraire eut été étonnant, dans la mesure où depuis deux ans, le député européen a été chargé par Nicolas Sarkozy lui-même d'entretenir la flamme et l'idée du retour. Notamment à travers la fameuse Association des amis de Nicolas Sarkozy, fondée et présidée par... Brice Hortefeux.
A ses côtés gravitera une brochette de supporters historiques, tels Christian Estrosi et Nadine Morano, pour ne citer qu'eux. Auront-ils pour autant un statut à part entière dans l'équipe de campagne ? Rien n'est moins sûr. "Ils auront plutôt pour mission d'organiser la claque dans les meetings et dans les médias", estime un député proche de Nicolas Sarkozy.
Les ex-ministres restés dans le cercle
Nicolas Sarkozy pourra également s'appuyer sur une grosse poignée d'anciens ministres restés (ou revenus) dans le giron. Il devrait ainsi proposer à Luc Chatel, qui a fait preuve d'une grande loyauté à son égard après la défaite de 2012, de conserver le secrétariat général de l'UMP. Nicolas Sarkozy éviterait ainsi de mettre les mains dans le cambouis, laissant à son ancien ministre de l'Education le plaisir de traiter les affaires courantes.
François Baroin, présenté comme un sérieux prétendant à Matignon en 2017 si Nicolas Sarkozy parvenait à regagner l'Elysée, pourrait hériter du titre de porte-parole.
D'autres ont plus récemment manifesté leur soutien, et devraient également l'accompagner dans sa reconquête de l'UMP. C'est le cas de son ancienne porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui avait déploré la droitisation de la campagne de 2012, mais qui voit aujourd'hui en Nicolas Sarkozy "l'homme de synthèse" qui peut sauver la France. Ou de Laurent Wauquiez, qui avait critiqué "les réformettes" de l'ancien chef de l'Etat et s'était un temps rapproché de François Fillon, avant de saluer "l'autorité", "l'énergie" et "la capacité à secouer les tabous" de Nicolas Sarkozy.
La jeune garde
Nicolas Sarkozy l'a toutefois répété à maintes reprises à ses visiteurs : il veut à tout prix insuffler un changement, pour éviter d'apparaître comme un homme du passé. Au-delà des nouveautés programmatiques qu'il ne manquera pas d'introduire dans son discours, l'ancien chef de l'Etat veut s'entourer d'une nouvelle génération.
A 31 ans, le jeune député-maire de Tourcoing, Gérald Darmanin (à gauche), pourrait hériter du statut de porte-parole. Proche de Xavier Bertrand, il représente aux yeux des sarkozystes une vraie prise de guerre. Défenseur d'une droite modérée, le benjamin de l'Assemblée nationale veut surtout incarner la relève. "Nicolas Sarkozy a compris que s'il se représente avec la secte de Waco, les cinq qui sont capables de s'immoler pour lui, il va perdre", assure-t-il dans un livre paru début juillet.
Cette jeune garde pourrait également être représentée par Virginie Duby-Muller, 35 ans, Laurent Marcangeli, 33 ans, ou Guillaume Larrivé, 37 ans (de gauche à droite). Les deux premiers, respectivement élus en Haute-Savoie et en Corse-du-Sud, ont fait leur entrée à l'Assemblée nationale en 2012, et ont été régulièrement reçus par Nicolas Sarkozy ces derniers mois. Enarque et député de l'Yonne, le troisième a débuté sa carrière en 2005 comme conseiller de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, avant de travailler au côté de Brice Hortefeux puis d'intégrer l'Elysée en 2011 comme conseiller aux affaires juridiques. Très critiqués à l'UMP par les tenants de la droite modérée, les jeunes Guillaume Peltier et Geoffroy Didier pourraient malgré tout être remerciés pour leur fervent soutien.
Enfin, Nicolas Sarkozy pourra compter sur le soutien de l'association Génération Sarkozy, cofondée par Stéphane Tiki, 26 ans. Porte-parole de la Droite forte, le courant du duo Peltier-Didier, ce jeune secrétaire national de l'UMP pilote d'ores et déjà une vaste opération qui consistera, dimanche matin, à tracter massivement, dans les grandes villes de France, une tribune dans laquelle Nicolas Sarkozy explique les raisons de son retour. Nom de code de cette opération : "Nouveau départ".
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