Notre-Dame-des-Landes : Edouard Philippe m'"a redit que sa décision n'était pas prise" explique la maire de Nantes
Johanna Rolland, maire de Nantes (Loire-Atlantique) est revenue, samedi pour franceinfo, sur son entretien "très franc" avec le Premier ministre Edouard Philippe alors qu'il était en visite surprise à Notre-Dame-des-Landes.
"Nous avons eu un échange très franc de plus de 40 minutes", a déclaré la maire de Nantes (Loire-Atlantique) Johanna Rolland, samedi 13 janvier sur franceinfo, après sa rencontre avec Edouard Philippe. Le Premier ministre, en visite surprise à Notre-Dame-des-Landes, à quelques jours d'une décision sur l'aéroport, lui "a redit que sa décision n'était pas prise et que c'est la raison pour laquelle, il était sur le terrain et qu'il voulait à nouveau avoir cet échange".
franceinfo : Le Premier ministre dit avoir eu avec vous un dialogue très direct et très utile. Que vous-a-t-il dit ?
Johanna Rolland : Il a souhaité poursuivre la discussion que nous avons eue hier [vendredi]. C'est vrai que nous avons eu un échange très franc de plus de 40 minutes. Je lui ai dit quelles étaient mes convictions pour l'économie, l'emploi et l'écologie. Je lui ai parlé de l'impératif démocratique. J'ai rappelé, une nouvelle fois, que Nicolas Hulot, le soir de la consultation, avait dit qu'il n'était pas favorable au projet, mais qu'on ne pouvait pas demander l'avis des citoyens pour ensuite ne pas le respecter. Edouard Philippe m'a redit très sérieusement que sa décision n'était pas prise. C'est la raison pour laquelle, il était sur le terrain et qu'il voulait à nouveau avoir cet échange.
Après cet échange, avez-vous pu percevoir si le Premier ministre penchait d'un côté ou de l'autre ?
Je crois d'abord que cette décision est difficile à prendre, car le risque serait de ne rien décider du tout. Je pense que le Premier ministre le sait. Si le projet d'aéroport était abandonné et s'il y avait cette hypothèse de réaménager Nantes Atlantique, en réalité, il ne se passerait rien dans ce quinquennat, en raison de toutes les étapes réglementaires qui seraient à nouveau à franchir, enquête publique, et aussi parce que, bien sûr, il y aurait des contestations comme il y en a à Notre-Dame-des-Landes. Pourquoi les riverains de ce territoire ne réagiraient pas par exemple ? Ce risque de la non-décision, je crois qu'il est problématique pour le gouvernement. Ce que je peux vous dire, c'est qu'à Nantes, s'il y a un point sur lequel les "pro" comme les "anti" sont d'accord, c'est qu'il y a urgence à décider clairement.
La ZAD doit être évacuée quelle que soit la décision du gouvernement. Redoutez-vous des incidents des violences au moment de cette évacuation ?
Moi ma priorité, comme maire de Nantes, c'est la sécurité de ma ville, c'est la sécurité des habitantes et des habitants. Il faut se donner tous les moyens de protéger et assurer ces enjeux de sécurité. Ensuite, la question des conditions d'évacuation de la ZAD se pose. Personne ne peut être insensible aux risques d'avoir des blessés. Je connais nombre d'acteurs opposés au projet qui sont des acteurs pacifistes avec qui nous travaillons. Mais, il y a aussi une minorité ultra radicale violente dont il faut mesurer l'état d'esprit et les actions. En démocratie, on ne peut jamais céder au chantage d'une minorité ultra radicale. Je suis une élue de cette génération profondément engagée sur des enjeux écologiques. La difficulté est que ce dossier est devenu un symbole, un emblème alors on en fait des caricatures de part et d'autres. Sur le terrain, sur le fond, les enjeux sont bien plus nuancés que ce que l'on veut bien raconter.
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