Reportage "Nous n'étalons pas nos désaccords" : ces coalitions politiques qui fonctionnent dans les collectivités locales

Au niveau national, les forces politiques n'arrivent toujours pas à s'entendre pour bâtir une majorité pour gouverner le pays alors que dans certains conseils départementaux ou municipaux ces coalitions existent déjà. Panorama.
Article rédigé par franceinfo
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Au conseil municipal d'Annecy, il existe une alliance du centre et de la gauche. Photo d'illustration. (GR?GORY YETCHMENIZA / MAXPPP)

Du mouvement mais toujours pas de nouveau gouvernement. Gabriel Attal a remis sa démission, mardi 16 juillet, qui a été cette fois acceptée, alors qu'à gauche, les discussions ont repris pour trouver le nom d'un Premier ministre. Le Nouveau Front populaire peine à se mettre à d'accord au niveau national alors que dans les collectivités locales, des alliances existent déjà et semblent fonctionner.

Par exemple, lors des dernières élections départementales dans une région du Grand Est acquise à la droite, la gauche a conservé la Meurthe-et-Moselle avec une majorité aux sensibilités multiples. "J'avais le Nouveau Front populaire dès 2021, explique Chaynesse Khirouni, la présidente PS du conseil départemental. Donc j'ai PS, Écolo, PC et LFI, Citoyen citoyenne."

Une alliance locale de la gauche, 30 sièges sur 46, qui s'est unie dès le premier tour des élections sur un programme défini en amont. "Dans notre région Grand-Est et dans notre département, on a une poussée du Rassemblement national très forte, raconte Chaynesse Khirouni. Si nous voulions maintenir ce département à gauche, nous n'avions comme unique stratégie la candidature commune unique dès le premier tour."

"La Ve République n'est pas faite pour ce type de coalition"

Ces stratégies existent ailleurs. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur possède une majorité de droite élargie de La République en marche aux Républicains en passant par l'UDI. Il y a une union de la droite et du centre également dans des mairies, comme Le Blanc-Mesnil et Drancy en Seine-Saint-Denis, ou encore Pessac en Gironde.

Il y a aussi des alliances du centre et de la gauche comme à Annecy, où le maire écologiste François Astorg a été élu de justesse aux dernières municipales grâce à une alliance avec une liste macroniste dissidente. "Si, au quotidien il y a des divergences, on arrive à les dépasser, affirme François Astorg, parce qu'on a une méthode de travail qui permet de mettre en place des espaces d'écoute et d'échanges pour arriver à la réalisation d'un projet."

"Par exemple, le vote du budget a été un exercice difficile, mais on a construit avec des séminaires et au bout du compte, on arrive avec un budget qui est voté."

François Astorg, maire écologiste d'Annecy

à franceinfo

François Astorg explique aussi que les projets locaux concrets permettent de dépasser les clivages : "Quand vous parlez de mettre en place une piétonnisation sur un grand secteur, de végétaliser des cours d'école, il n'y a pas d'idéologie derrière ça. Il y a juste une question de qualité de vie au quotidien pour les habitants et on est presque tous d'accord pour conduire la transition." Le maire d'Annecy aimerait voir ces coalitions au niveau national mais en France, selon lui, il n'y a pas encore cette culture de la coalition politique. "Force est de constater que la Ve République n'est pas faite pour ce type de coalition", estime François Astorg.

"Le respect, c'est aussi la recette de cette union qui tient"

Ce qui se passe depuis les législatives témoigne des difficultés à se mettre d'accord et, pire, à s'entendre. Les dissensions ou les invectives au sein du nouveau Front populaire agacent profondément Chaynesse Khirouni qui, en Meurthe-et-Moselle, fait la stratégie d'une union quoi qu'il en coûte. "Nous débattons en interne de nos divergences ou de nos désaccords, explique la présidente du département de Meurthe-et-Moselle. En revanche, nous n'étalons pas ces désaccords et ces divergences à l'extérieur, ni dans la presse ni dans les réseaux sociaux. Et je crois que ce respect, c'est aussi la recette de cette union qui tient."

Les électeurs ont mis le Nouveau Front populaire en tête et ont fait barrage contre le Rassemblement national aux législatives, ajoute-t-elle. "Nous à gauche, dans notre diversité, nous devons être à la hauteur", explique Chaynesse Khirouni et en ce moment, selon elle, ce n'est pas le cas.

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