À Saint-Denis, le sentiment d'insécurité pourrait faire basculer la mairie, communiste depuis 100 ans
Après plus d’un siècle d’histoire communiste quasiment sans interruption, la ville de Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, pourrait passer aux mains des socialistes dimanche lors du second tour des élections municipales.
Troisième ville d’Île-de-France avec plus de 110 000 habitants, derrière Paris et Boulogne-Billancourt, Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis est aussi l’un des tout derniers grands bastions rouge de France. Mais le maire sortant, Laurent Russier, est en ballottage défavorable et après plus d’un siècle d’histoire communiste quasiment sans interruption, la ville pourrait passer aux mains des socialistes.
Sur le marché, à deux pas de la mairie, le candidat PS, Mathieu Hanotin, déambule au milieu des habitants. Battu d’extrême justesse en 2014 par son adversaire communiste, l’ancien député frondeur de François Hollande espère ne pas revivre la même désillusion. ''J'ai perdu à 180 voix parce qu'il y a plein de gens qui ne sont pas allés voter, indique-t-il. À 49,5% ! Et quand on en a marre, souvent ce qu'on fait, c'est qu'on ne vote pas.''
Le candidat PS veut armer la police municipale
Pour cela, il compte sur son bon résultat du premier tour, 35%, soit onze points devant le maire sortant et sur une forme de dégagisme attendue par une partie des habitants. La sécurité est au cœur de la campagne socialiste : ''Et la qualité de vie dans la rue, c'est comment, aujourd'hui ?'', demande-t-il à une habitante. ''C'est désastreux, lui répond-elle. Surtout chez nous à Belleville, il y a de la drogue dans la rue : on en a marre !'' Il propose notamment d'armer certaines brigades de police municipale pour lutter contre les trafiquants.
Dans son bureau de l’Hôtel de Ville, avec vue sur la basilique et le stade de France, le maire sortant Laurent Russier accuse son concurrent de draguer les électeurs de droite et les macronistes. ''On ne peut pas être, comme l'a été M. Hanotin pendant trois ans, sur le dénigrement d'une ville où tout irait mal, s'indigne l'édile. Parce que ce n'est pas la réalité de la ville, c'est bien mal la connaître.''
Finalement, c'est faire une campagne à la Rachida Dati à Paris : sécurité, propreté, sécurité, propreté. Faire campagne là-dessus,c'est ce que font les opposants de droite dans d'autres villes.
Laurent Russierà franceinfo
Les soutiens du maire communiste en sont persuadés : si Mathieu Hanotin était élu avec sa volonté d'attirer les familles de la classe moyenne, ce sera le début de la boboïsation. ''Je veux que Saint-Denis reste Saint-Denis, avec les gens qui y habitent, avec la pauvreté qui existe, mais qui fait cette ville aussi, explique ainsi Maëva, professeur de danse et dionysienne depuis toujours. On ne veut pas d'un autre Paris, sinon on va à Paris, on ne vient pas à Saint-Denis.'' Dimanche, le grand vainqueur pourrait encore être, malgré tout, l’abstention : au premier tour, près de sept électeurs sur dix n’ont pas voté à Saint-Denis. Soit presque 15 points de plus que la moyenne nationale.
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