Budget 2019 : "8 millions" de retraités vont perdre l'équivalent d'un "demi mois de retraite" dans leur pouvoir d'achat estime Valérie Rabault
Valérie Rabault, la présidente du groupe socialite à l'Assemblée nationale, estime que les retraités sont les oubliés du projet de loi de Finances 2019.
Les retraités sont les oubliés du projet de loi de Finances 2019, présenté lundi 24 septembre en conseil des ministres, selon Valérie Rabault. La présidente du groupe socialiste à l'Assemblée nationale a estimé sur franceinfo que les 14 millions de retraités vont subir une "perte en pouvoir d'achat". Huit millions de retraités, qui subissent déjà la hausse de la CSG, vont perdre l'équivalent d'un "demi mois de retraite" en un an.
franceinfo : Pensez-vous que les mesures de ce projet de loi permettront d'augmenter le pouvoir d'achat des ménages ?
Valérie Rabault : Quand on parle du pouvoir d'achat, il faut toujours faire les plus et les moins. Ne faire que les plus, c'est mentir aux Français sur leur pouvoir d'achat puisque de toute façon, c'est toujours le même porte-monnaie qui paie. Même si, et je le reconnais, il y a une baisse de la fiscalité pour certains, on s'aperçoit que ce sont toujours les mêmes qui vont avoir les plus, et toujours les mêmes qui vont avoir les moins : les retraités.
Il y a 14 millions de retraités en France qui ne vont pas avoir leur pension revalorisée. Quand on est dans un contexte où il y a une inflation à 2 %, c'est une perte de pouvoir d'achat. Sur ces 14 millions, vous en avez 8 qui ont subi au 1er janvier 2018 la hausse de la CSG, donc pour ces 8 millions de retraités, l'année 2019 va signifier une baisse de pouvoir d'achat à peu près équivalente à un demi mois de retraite.
Mais si ces mesures soutiennent la croissance, cela pourrait les aider, vous ne croyez-pas ?
Nous, ce que nous défendons, c'est l'idée de soutenir la croissance économique. Le président de la République a une théorie qui est la théorie du ruissellement en disant "je baisse la fiscalité des plus aisés" : les 1 % de Français les plus aisés ont reçu l'année dernière 3,5 milliards d'euros de baisse d'imposition, et on voit bien que cette baisse d'imposition, qui a été payée par tous les autres Français, n'a pas ruisselé sur l'économie française. Au contraire, la croissance qui était prévue à 2 % est à 1,7 voire 1,6 % pour cette année. Donc, les cadeaux fiscaux qui ont été faits aux 1 % des Français les plus aisés l'an dernier n'ont pas soutenu la croissance économique française.
La France, je le regrette vivement, fait partie au sein de la zone euro, des pays qui ont la plus mauvaise performance économique sur l'année 2018. Nous, ce que nous disons, c'est qu'il faut qu'il y ait de l'investissement, qu'il soit public et privé.
Vous n'êtes pas convaincue par les amortissements prévus par ce projet de loi ?
Le Premier ministre annonce le fait que pour les entreprises, on va faire un suramortissement qui existait déjà sous le quinquennat de François Hollande pour qu'elles puissent être un peu plus allégées et qu'elles puissent investis plus. Sous le quinquennat de François Hollande, on était entre 800 millions et un milliard d'euros. Là, ce n'est même pas dans le projet de loi de Finances mais le ministre nous a promis la main sur le cœur que ça allait être par amendement du gouvernement, pour un montant de 150 millions d'euros sur deux ans.
Autre exemple, il y a un crédit d'impôt pour soutenir la croissance énergétique. Si vous changez votre fenêtre, vos portes, si vous faites installer une chaudière qui soit à haute performance, qui permette que vous consommiez moins d'énergie, l'Etat vous accompagne avec un crédit d'impôt. Aujourd'hui le gouvernement renonce à soutenir le changement des fenêtres.
Donc, vous pouvez avoir une passoire chez vous, vous installerez une super chaudière, vous continuerez à ne pas avoir de performance énergétique. Ce sont tous ces choix, ce sont ces allers-retours qui font qu'il n'y a pas de lisibilité sur le soutien à l'investissement qui est porté par la puissance publique et qui, je pense, déstabilise notre économie.
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