Le PS "n'a pas d'autre choix que de donner un coup de barre à gauche", selon le politologue Bruno Cautrès
Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, estime que l'urgence pour la direction provisoire du Parti socialiste est de "trouver un nouveau leader et une nouvelle ligne politique".
La direction provisoire du Parti socialiste se réunit lundi 17 juillet. Elle va devoir affronter des "difficultés importantes" comme "trouver un nouveau nom, un nouveau leader et une nouvelle ligne politique", a estimé Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), sur franceinfo. Le PS devra "trouver un espace entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron".
franceinfo : Dans quelle direction le PS doit-il se tourner ?
Bruno Cautrès : Le PS se retrouve face à plusieurs enjeux, du plus simple – sans doute changer le nom du parti – au plus compliqué – trouver un nouveau leader. Et encore plus difficile, trouver une nouvelle ligne politique. Sur quelle base sociologique, avec quelle alliance, et avec quelles perspectives ? Cette direction collégiale illustre la difficulté du renouvellement. On trouve quelques noms nouveaux mais aussi beaucoup de noms que l'on a déjà beaucoup vus dans l'histoire du parti. Cela indique qu'il y a beaucoup d'hésitations sur la ligne. On a voulu rassembler tout le monde dans cette direction collégiale. Pour le moment, le Parti socialiste est comme un grand blessé qui essaie de se remettre. Il va essayer de redonner la parole aux militants pour qu'ils fixent une feuille de route, cet automne. Puis ultérieurement, en début d'année 2018, on aura sans aucun doute un congrès fondateur du nouveau parti. L'automne va arriver très vite, il est temps pour le PS de se mettre en mouvement.
Le PS a choisi d’être clairement dans l’opposition, contrairement aux Républicains ?
Le Parti socialiste a clairement choisi l'opposition mais derrière cette opposition, il y a les électeurs. Beaucoup d'entre eux ont fait le choix de voter pour Emmanuel Macron. Ils sont plutôt dans l'idée de soutenir le président et d'avoir de la bienveillance pour les premiers pas du gouvernement d’Edouard Philippe. Il faudra voir s'il y a un retour des anciens électeurs du Parti socialiste suite à d'éventuelles déceptions face au gouvernement d'Edouard Philippe.
Pour le nouveau vote qui aura lieu à la rentrée, peut-on s'attendre à un nouveau coup de barre à gauche comme ce fut le cas à la primaire avec Benoît Hamon?
Oui, je crois que les militants et les sympathisants qui restent au PS n'ont pas d'autre choix que de donner un coup de barre à gauche, puisqu'Emmanuel Macron a largement préempté la posture de centre gauche, une position qui fut celle de François Hollande et Manuel Valls. Pour trouver un espace entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, il n'y a guère d'autre position que d'essayer de revenir à ses fondamentaux et d’être une opposition de gauche face à Emmanuel Macron. Tout en changeant de nom, car le nom de Parti socialiste est associé à la fois au désastre de 2017 et à toutes les incompréhensions autour du mot même de "socialisme". Etre socialiste aujourd'hui, qu'est-ce que ça veut dire ? On peut s'attendre à un changement de nom qui cherchera à incarner le mot de 'gauche'. On peut donc s'attendre à ce que ce mot figure dans le futur nom du futur parti.
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