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Peillon compare le sort des juifs sous Vichy à celui des musulmans aujourd'hui : la polémique en quatre actes

Le candidat à la primaire de la gauche a estimé que la laïcité était "utilisée" par certains contre des musulmans aujourd'hui, et que cela avait "été fait" sous Vichy contre les juifs. Il a ensuite précisé son propos.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vincent Peillon, candidat à la primaire de la gauche, le 3 janvier 2017 sur le plateau de "L'Entretien politique" sur France 2. (FRANCE 2)

La loi de Godwin s'est encore vérifiée. Invité de "L'Entretien politique", mardi 3 janvier au soir sur France 2, le candidat à la primaire de la gauche Vincent Peillon a fait un parallèle entre le sort des juifs sous l'Occupation nazie et la situation actuelle des musulmans de France. Au lendemain de ses propos, l'ancien ministre socialiste de l'Éducation tente d'éteindre la polémique qu'il a allumée. Retour sur ce couac de campagne en quatre actes.

Acte 1. Peillon atteint le point Godwin

Mardi soir, face à Léa Salamé et David Pujadas, Vincent Peillon fustige ceux qui "veulent utiliser la laïcité". "Ça a déjà été fait dans le passé, contre certaines catégories de populations", relève-t-il. "C'était il y a quarante ans", calcule-t-il par erreur, alors qu'il évoque les années 1940.

"Les juifs, à qui on mettait des étoiles jaunes, c'est aujourd'hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans, qu'on amalgame d'ailleurs souvent avec les islamistes radicaux", lâche le député européen.

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Qui vise-t-il ? "Le problème n'est pas Manuel Valls en France, le problème c'est le fascisme rampant de [Marine] Le Pen", rétorque-t-il.

Acte 2. Le Crif dénonce une récupération "dévoyée" de l'histoire

Mercredi, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) dénonce dans un communiqué les propos du candidat et réclame "une clarification et un correctif immédiat""De telles déclarations ne servent que ceux qui cherchent à réécrire l'histoire", tance le Crif.

L'histoire de la déportation de plus de 75 000 juifs, de la spoliation des biens juifs ou des lois discriminatoires comme le port de l'étoile jaune ne saurait être dévoyée et instrumentalisée au nom d'un soi-disant équilibre des souffrances.

Conseil représentatif des institutions juives de France

communiqué

Acte 3. Le FN s'en mêle

L'expression de "fascisme rampant" employée par le candidat socialiste ne manque pas de faire réagir l'extrême droite. Vincent Peillon "sera dans l'insulte s'il le souhaite", réplique le vice-président du Front national Florian Philippot, mercredi matin, sur Public Sénat.

Et le numéro 2 du FN de faire la leçon à celui qui fut un temps professeur : Vincent Peillon "nous a expliqué hier que la laïcité avait été à l'origine de l'étoile jaune et aujourd'hui de l'amalgame entre islamisme et islam (...). Donc, bon, n'importe quoi (...), il ferait mieux de réviser un peu son histoire."

Acte 4. Peillon précise sa pensée

Mercredi après-midi, Vincent Peillon publie une série de tweets dans l'espoir de mettre fin à la controverse. Le candidat tient, écrit-il, à "préciser [sa] pensée et [sa] conviction qu'une contraction de phrases a pu déformer".

"Je n'ai évidemment pas voulu dire que c'était la laïcité qui était à l'origine de l'antisémitisme de la France de Vichy. Le régime de Vichy ne se réclamait pas de la laïcité, bien au contraire. Et ce qu'ont vécu les juifs sous Vichy ne saurait être banalisé d'aucune façon", assure-t-il sur Twitter.

"Tout cela, je le sais charnellement et intellectuellement mieux que quiconque, par mon histoire personnelle, par mes travaux. Et par mes combats politiques énergiques pour la laïcité, et contre le racisme et l'antisémitisme", plaide l'eurodéputé, issu d'une famille juive alsacienne par sa mère.

Il ajoute en guise de conclusion : "J'ai voulu dénoncer la stratégie de l'extrême droite qui utilise les mots de la République pour les détourner contre la population. Elle le fait aujourd'hui avec la laïcité contre les musulmans en les confondant avec les islamistes radicaux qu'il faut, eux, combattre."

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