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Présidentielle : en quête de parrainages, les "petits" candidats tentent de faire front commun

Alexandre Jardin, Philippe Poutou, ou encore Charlotte Marchandise-Franquet, ont cosigné, jeudi, un appel dénonçant le "verrou anti-démocratique" mis en place, selon eux, par les grands partis.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Christian Troadec et Pierre Larrouturou, candidats à l'élection présidentielle, avant la conférence de presse organisée par les "petits" candidats, jeudi 23 février 2017 à Paris. (CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS)

Six David contre cinq Goliath. Six "petits" candidats, qui peinent à réunir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle, ont organisé, jeudi 23 février, une conférence de presse commune à Paris. Ils dénoncent le "verrou anti-démocratique" mis en place, selon eux, par les grands partis.

Philippe Poutou (NPA), Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), l'écrivain Alexandre Jardin (mouvement Bleu blanc zèbre), Charlotte Marchandise-Franquet (laPrimaire.org), le leader indépendantiste tahitien Oscar Temaru et Christian Troadec, chef de file du mouvement des Bonnets rouges, ont tous signé un texte distribué à la presse appelant à une "véritable pluralité des candidatures" à l'Elysée.

"Soutenir un petit, c'est soutenir la démocratie"

Dans leur viseur : les "nouvelles règles d'accession" au premier tour, mises en place à l'occasion du scrutin présidentiel de 2017. Pour la première fois, le Conseil constitutionnel, chargé de contrôler l'élection, publiera, en effet, l'intégralité des parrainages au fur et à mesure de leur réception. Jusqu'à présent, il ne divulguait que le nom de 500 élus tirés au sort, après validation de la liste définitive déposée directement par les équipes des candidats.

Ces nouvelles règles rendent notre initiative toujours plus difficile, si bien qu'il est devenu quasiment impossible de porter une candidature hors des grands partis

Alexandre Jardin, Pierre Larrouturou, Charlotte Marchandise-Franquet, Philippe Poutou, Oscar Temaru et Christian Troadec

Communiqué de presse

"Certains maires disent qu'ils aimeraient bien nous apporter leur signature, mais ils craignent de devoir se justifier devant leur conseil municipal. Des élus de petites communes redoutent aussi des pressions de la part de leurs intercommunalités", a déploré Arthur Keller, chargé du programme de Charlotte Marchandise-Franquet, qui revendique cinquante signatures "sûres". "Pourtant, accorder son parrainage à un petit candidat, ce n'est pas forcément le soutenir : c'est soutenir la démocratie."

Empêché de se présenter à la primaire de la gauche, Pierre Larrouturou a été le plus virulent contre les favoris de la présidentielle. "La plupart des candidats qu'on voit à la télévision ont déjà mille, deux mille signatures. Est-ce qu'il est normal qu'ils continuent à en engranger et à faire pression sur les élus pour qu'ils ne donnent pas leurs signatures à de nouvelles têtes et de nouveaux projets ?", a lancé le fondateur de Nouvelle Donne, qui assure avoir encore besoin "d'au moins 200" parrainages pour se présenter.

Antoine Pelletier, membre de l'équipe de campagne de Philippe Poutou, déplore, pour sa part, le coût de la chasse aux signatures pour les formations politiques modestes. "En 2012, le NPA avait dû dépenser 150 000 euros pour sillonner la France et faire en sorte que Philippe puisse se présenter. C'est autant d'argent qui n'a pas été dépensé pour faire connaître nos idées aux électeurs."

Un "front des petits" pas très uni

Les arguments des "petits" sont les mêmes, mais il leur est toutefois bien difficile d'afficher une véritable unité devant les caméras. Dans l'hôtel du 14e arrondissement de Paris, où se déroulait la conférence de presse pour présenter leur appel, seuls Pierre Larrouturou et Christian Troadec étaient présents.

Philippe Poutou et Charlotte Machandise-Franquet avaient envoyé des représentants, tandis qu'Oscar Temaru et Alexandre Jardin ont laissé leur chaise vide. Le premier était retenu en Polynésie, tandis que le second n'avait, selon Christian Troadec, pas franchement envie de s'afficher aux côtés de représentants du NPA. Un temps pressentie pour se joindre à l'appel, Rama Yade a finalement décliné.

Interrogé à la fin de la conférence de presse, Antoine Pelletier, représentant du NPA, semble presque soulagé que ni l'écrivain du mouvement Bleu Blanc Zèbre, ni l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy ne se soient déplacés. "Franchement, quand on a vu qu'ils avaient signé l'appel ou envisageaient de le faire, on a un peu hésité : ils n'arrêtent pas de répéter que le clivage droite-gauche est dépassé, alors que nous, on estime qu'il est plus opérant que jamais", sourit le membre de l'équipe de Philippe Poutou. Tous sont d'accord pour changer les règles du jeu, mais pas pour perdre leurs repères politiques.

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