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Qui gravite dans l'ombre de Manuel Valls ?

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avec ses deux plus proches collaborateurs, Harold Hauzy (à gauche) et Sébastien Gros (au centre). (MIGUEL MEDINA / AFP)

A Matignon, le nouveau Premier ministre va pouvoir s'appuyer sur plusieurs cercles de fidèles, entièrement dévoués à sa cause.

Fin 2011, Manuel Valls récoltait 5,63% à la primaire socialiste pour la présidentielle. Seulement 30 mois plus tard, lundi 31 mars, le challenger est devenu Premier ministre. Une ascension fulgurante qui s'appuie sur quelques fidèles, dévoués au service d'un homme. Francetv info passe en revue les différents cercles sur lesquels pourra compter Manuel Valls à Matignon.

Ses amis de toujours

Stéphane Fouks et Alain Bauer. (MAXPPP / AFP)

Stéphane Fouks est coprésident de la puissante agence de communication Havas Worldwide (ex-Euro RSCG). Alain Bauer est un célèbre criminologue qui chuchote à l'oreille des politiques. Manuel Valls les a tous les deux connus dans les années 1980 sur les bancs de la Sorbonne. Les trois "jeunes loups de la Rocardie" sont doués. Et ils grimpent vite les échelons. Chez les Jeunes socialistes, ils avaient chacun une tâche : "Manuel, la politique et la vie publique ; Bauer, la tactique et les manœuvres d'appareil ; Stéphane, la communication", raconte un ancien responsable rocardien au Monde. Depuis, leur amitié est indéfectible.

En 1988, Valls et Bauer se côtoient à Matignon, au sein du cabinet de Michel Rocard. Le criminologue conseille Manuel Valls en toutes circonstances, notamment lorsqu'il devient maire d'Evry, en 2001. Et malgré ses accointances sarkozystes entre 2007 et 2012, Bauer, qui est le parrain d'un des fils de Valls, est toujours là, dans l'ombre. De son côté, Fouks continue à conseiller Manuel Valls. De plus en plus discrètement depuis l'affaire DSK, dont il était le conseiller en communication.

Ses proches collaborateurs

Sébastien Gros, Harold Hauzy, Christian Gravel et Yves Colmou. (SIPA / AFP)

On les appelle parfois les "Valls boys". Ces trentenaires sont des fidèles parmi les fidèles, les collaborateurs de choc de Manuel Valls lorsque celui-ci était maire d'Evry. Chacun dans son rôle. Sébastien Gros, le chef de cabinet, était chargé de l'organisation et des finances. Place Beauvau, il était "la tour de contrôle" de Manuel Valls, "son collaborateur le plus proche", écrivent David Revault d'Allonnes et Laurent Borredon dans Valls, à l'intérieur (éd. Robert Laffont, 2014).

Harold Hauzy, directeur de la communication du maire d'Evry pendant plusieurs années, est quant à lui devenu la "plume" du ministre de l'Intérieur. Le conseiller presse de Manuel Valls retrouvera son collègue Sébastien Gros à Matignon. Les deux hommes gardent auprès du nouveau Premier ministre les mêmes attributions qu'à l'Intérieur.

Du clan d'Evry, un autre homme a émergé. Christian Gravel, "dircab" de Manuel Valls pendant dix années dans l'Essonne, fut le conseiller presse du candidat à la primaire socialiste. Avant d'être recruté par François Hollande pour gérer ses relations publiques pendant la campagne présidentielle, puis à l'Elysée. Pour Manuel Valls, c'est un allié de poids au "Château". Jean-Marc Ayrault se serait d'ailleurs plaint, il y a quelques mois, de l'attitude de Gravel et d'un autre conseiller élyséen, Aquilino Morelle, lui aussi intime de Valls : "Ces deux-là ont été placés à l'Elysée par Valls. Ils manœuvrent contre moi et cherchent à me nuire sans se rendre compte qu'ils affaiblissent ainsi le président de la République", aurait affirmé l'ancien Premier ministre fin 2013, selon Le Canard enchaîné.

Dernière pièce maîtresse de l'entourage de Manuel Valls : Yves Colmou, le conseiller politique. Les deux hommes se sont connus, comme Stéphane Fouks et Alain Bauer, dans les cercles étudiants rocardiens. Yves Colmou et Manuel Valls ont travaillé à Matignon avec leur mentor, Michel Rocard, puis avec Lionel Jospin, au PS et à Matignon. Fin connaisseur de la carte électorale – une qualité toujours utile place Beauvau – il suit lui aussi Manuel Valls à Matignon en tant que conseiller.

Ses porte-flingues

Carlos Da Silva, Luc Carvounas, Francis Chouat et Jean-Jacques Urvoas. (MAXPPP / AFP / SIPA)

Contrairement aux principaux ténors socialistes, Manuel Valls n'est à la tête d'aucun courant au sein du parti. Selon un de ses partisans, cité dans le livre de David Revault d'Allonnes et Laurent Borredon, il ne disposerait que de neuf soutiens parmi les 204 membres du conseil national du PS. Qu'importe : Manuel Valls a toujours préféré construire sa popularité sur l'opinion publique plutôt que sur les structures militantes. L'ancien ministre de l'Intérieur mise davantage sur son image que sur une idéologie politique jamais vraiment théorisée. Dans les cercles du pouvoir, peu d'élus se réclament ouvertement de Manuel Valls, mais ceux-ci sont entièrement dévoués à leur leader.

Il y a d'abord Carlos Da Silva, son suppléant à l'Assemblée nationale. Patron du PS de l'Essonne, il siège au palais Bourbon depuis que Manuel Valls est entré au gouvernement. Le député n'hésite pas à monter au créneau pour faire le service après-vente des annonces de son chef, ou à cogner lorsque Manuel Valls est attaqué. Dans un autre style, Luc Carvounas, sénateur-maire d'Alfortville (Val-de-Marne), est lui aussi patron de la fédération socialiste de son département. Secrétaire national aux relations extérieures du PS, il ne s'est pas fait que des amis, notamment au Parti de gauche, où son homologue le dépeint comme un "anticommuniste primaire", relate Le Monde.

A la mairie d'Evry, Manuel Valls a confié sa succession à son ancien premier adjoint Francis Chouat, une connaissance de longue date. En novembre, le ministre de l'Intérieur l'a décoré d'une Légion d'honneur lors d'une cérémonie au cours de laquelle l'auditoire a appris que Francis Chouat, ancien communiste, fut "le pion" de Manuel Valls au lycée Charlemagne, à Paris, rapporte Le Parisien.

Autre poids lourd dans le clan Valls : le député Jean-Jacques Urvoas. Cet ancien strauss-kahnien ne vient pas de l'Essonne, mais du Finistère. Dans la rivalité sourde qui a opposé, en 2012, Manuel Valls au hollandais François Rebsamen dans la course à l'Intérieur, Jean-Jacques Urvoas a clairement choisi son camp. Spécialiste des questions de sécurité, il est l'oreille des gendarmes et policiers, au point de devenir un conseiller officieux de Manuel Valls lorsque celui-ci occupait la place Beauvau. Dans les starting-blocks pour lui succéder, il a été victime d'un véto présidentiel, François Hollande lui préférant un homme de confiance, Bernard Cazeneuve.

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