Renaud Donnedieu de Vabres, ancien conseiller de François Léotard, mis en examen
Renaud Donnedieu de Vabres, ex-conseiller du ministre de la Défense, François Léotard, a été mis en examen, jeudi 15 décembre, dans le volet financier de l'affaire Karachi (Pakistan), en lien avec l'attentat qui a fait 15 morts dont 11 Français.
Renaud Donnedieu de Vabres, a été mis en examen jeudi dans le volet financier de l'affaire Karachi pour "complicité d'abus de biens sociaux". Il avait été entendu par les enquêteurs de la division nationale des investigations financières (DNIF) mardi matin puis remis en liberté mercredi sans être présenté aux juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire.
Le juge Renaud Van Ruymbeke l'a finalement convoqué ce jeudi matin et lui a notifié les charges.
Possible détournement de commissions
Ministre de la Culture de Jacques Chirac entre 2004 et 2007, Renaud Donnedieu de Vabres est soupçonné d'avoir participé au détournement de commissions en marge de contrats d'armement, quand il était conseiller spécial au cabinet du ministre de la Défense François Léotard entre 1993 et 1995.
Sa mise en examen a été annoncée jeudi par l'avocat des familles de victimes de l'attentat de Karachi, Me Olivier Morice.
Les juges sont sur la piste d'un possible détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates à l'Arabie saoudite (200 millions d'euros) dans les années 1990. L'argent aurait servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur.
Entendu comme témoin en 2010
Entendu comme témoin en novembre 2010 par le juge Renaud van Ruymbeke, M. Donnedieu de Vabres avait réfuté tout lien entre la négociation d'un contrat de ventes de sous-marins au Pakistan et le financement de la campagne de M. Balladur en 1995.
Selon des témoignages versés au dossier, deux intermédiaires, dont Ziad Takieddine, auraient été imposés par le pouvoir politique, notamment par M. Donnedieu de Vabres, peu avant la conclusion du contrat Agosta, le 21 septembre 1994.
"Notre rôle est d'aider les familles", dit le PS
Le parti socialiste a réagi par la voix de Bernard Cazeneuve, porte-parole de François Hollande, mais aussi rapporteur de la commission parlementaire sur Karachi.
"Notre rôle à nous c'est d'aider les familles à accéder à la vérité pour ceux qui sont morts ou qui ont été blessés (...) Ce n'est pas d'instrumentaliser cette affaire tragique à des fins politiques, mais si des évènements doivent nous conduire à demander des comptes nous le ferons", a déclaré M. Cazeneuve.
Pour Noël Mamère, "l'affaire n'est pas une fable"
Noël Mamère, député d'Europe Ecologie s'est montré plus offensif. "La preuve est faite que l'affaire de Karachi, contrairement à ce qu'avait dit Sarkozy n'est pas une fable. C'est une affaire qui remet en cause le plus haut sommet de l'Etat et je maintiens le fait que plus le juge avance, plus nous devons lui demander s'il n'y a pas un certain nombre d'hommes politiques qui ont du sang sur les mains", a-t-il affirmé.
"Dix ans qu'on attend la vérité"
La fille d'une des victimes de l'attentat survenu au Pakistan, Magali Drouet, a souligné que "cela fait dix ans qu'elle demande la vérité" précisant que cette affaire "date de 2002". Interrogée sur l'absence de mise en examen et la remise en liberté de Renaud Donnedieu de Vabres, Magali Drouet a estimé que "s'il n'a rien à se reprocher et qu'il est blanchi, tant mieux pour lui". "On continuera à aller au bout tant qu'on n'aura pas la vérité", a-t-elle répondu.
L'attentat du 8 mai 2002 contre le bus des salariés de la DCN a fait 15 morts, dont 11 salariés français de la DCN, le 8 mai 2002.
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