Trop de spams pendant la présidentielle, dit la Cnil
La Commission demande que la protection des données personnelles des électeurs soit renforcée.
FRANCE - Trois mois après l'élection présidentielle, la Commission nationale informatique et liberté (Cnil) a rendu sa copie sur l'utilisation des fichiers pendant la campagne électorale. Du bilan dressé par son Observatoire des élections, il ressort que la protection des données des électeurs "doit être sensiblement améliorée sur certains points, tout particulièrement en matière de communication électronique". Certains candidats (aucun nom n'est cité) auraient en effet spammé les électeurs de façon massive, utilisant différentes techniques pour récupérer leurs adresses email.
Les fichiers consulaires exploités
Selon la Cnil, ce sont plus particulièrement les Français de l'étranger qui ont été la cible de "messages électroniques non sollicités". Pour récupérer leurs adresses électroniques, les équipes de campagne ont toutefois pioché dans les "listes électorales librement consultables par les partis politiques".
Conséquence : la Cnil s'est vue adresser des témoignages rageurs. "Je suis sans arrêt spammé par de multiples partis politiques. Je n'ai pas donné mon accord au Consulat français de [X] pour communiquer mon email personnel aux partis", a ainsi déploré un électeur vivant à l'étranger. "Cela fait 5 fois que je suis contacté par l'équipe de [X], suite à la récupération de mon email sur le site consulaire. C'est inadmissible, cet email est important et est à présent pollué par ces spams", se plaint un autre.
Les bases de données commerciales
Mais les Français de l'étranger ne sont pas les seuls à avoir manifesté leur mécontentement. Certains fichiers ont été obtenus en payant pour obtenir des bases de données commerciales. "J'ai reçu un mailing de campagne sur ma boîte personnelle alors que je n'ai absolument pas fourni cette adresse (ni à aucun autre candidat). Je leur ai demandé, en vain, comment ils avaient eu mon adresse", témoigne ainsi un autre électeur.
D'autres ont aussi déploré les difficultés à se désinscrire alors que les courriels s'accumulaient. La Cnil pointe que "la plupart des difficultés rencontrées par les électeurs (…) auraient été évitées si les candidats et partis politiques avaient davantage respecté les dispositions de la loi "Informatique et Libertés" et les recommandations de la Cnil".
Les recommandations de la Commission
En conclusion, l'autorité administrative estime qu'il faut "mieux encadrer la prospection politique". Elle réclame que la protection des électeurs soit alignée sur celle de la protection des consommateurs, plus restrictive. La solution serait simple : il suffirait que la prospection politique ne soit adressée "qu'aux personnes ayant préalablement consenti à cette utilisation de leurs données, tout comme cela est le cas en matière de prospection commerciale".
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