Vacances écourtées pour les deux ex-rivaux de 2007
Ségolène Royal l'a annoncée. Elle est candidate au scrutin de 2012. Nicolas Sarkozy, lui, fait durer le suspens, préférant donner l'image d'un Président entièrement concentré à sa tâche. Et compte tenu du tsunami financier, celle-ci n'est pas mince.
Multipliant depuis son lieu de villégiature, et le faisant savoir, ses échanges téléphoniques avec les grands dirigeants du monde - Angela Merckel et Barack Obama notamment, le chef de l'Etat a quelque peu infléchi sa stratégie mercredi, en rentrant spécialement de vacances. Désertion momentanée du cap-Nègre et cap sur l'Elysée pour présider une réunion de crise à l'Elysée aux côtés des ministres de l'Economie, François Baroin, et de son homologue du budget, Valérie Pécresse.
But de l'opération: montrer qu'il dirige le paquebot France, et ses quelque 1.646 milliards d'euros de dette (84,5 % du PIB) mais sans céder à la panique. Finies donc les gesticulations contre-productives, objet de critiques, y compris dans son propre camp.
Les deux ministres ont été chargés de faire des propositions devant "garantir le respect des objectifs (de réduction des déficits) dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances pour 2012", selon un communiqué de l'Elysée. Le message de l'exécutif seriné depuis 48h00 est clair :"les engagements de réduction du déficit des comptes publics sont intangibles et seront tenus quelle que soit l'évolution de la situation économique".
Quant aux modalités, prière de patienter. Si une hausse des impôts est fort peu probable, le président de la République ayant érigé ce principe en dogme, une ponction "au-delà des trois milliards de réduction de niches prévus" est très probable, a expliqué François Baroin depuis la mi-juillet, sans en préciser les contours.
Royal pour "un nouvel ordre international juste"
Même contexte international et même stratégie "de présence médiatique" pour Ségolène Royal qui entend bien profiter de l'été, et de la relative discrétion de ses concurrents à la primaire socialiste, pour tenter de combler son retard. Et, par la même occasion, pour tacler son ancien rival à l'Elysée.
Le Président n'a fait que son devoir, quoique tardivement, en tenant mercredi une réunion de travail à l'Elysée sur la crise, a souligné mercredi la présidente de la région Poitou-Charentes. "Mieux vaut tard que jamais. Le président rentre, il ne fait que son devoir. Mais ce qui compte, c'est que les décisions soient prises", a ainsi lancé Mme Royal lors d'une conférence de presse au siège parisien du PS.
Après "l'ordre juste" en 2007, place au "nouvel ordre international juste", version 2011. Face à la presse, la candidate socialiste a exposé sept mesures qui, selon elle, avaient fait consensus au lendemain de la crise bancaire de 2008. Elle prône la création d'une agence publique chargée de noter les Etats, la création d'un fonds souverain européen pour financer les investissements et souhaite un gouvernement économique européen "capable d'agir", car ce n'est pas, dit-elle, "à la Banque centrale européenne (BCE) de faire la pluie et le beau temps".
Elle demande par ailleurs qu'une suite soit donnée au vote par le Parlement européen d'une taxation des transactions financières, réclame l'interdiction de la spéculation sur la dette des Etats et la publication de la liste des banques qui s'y adonnent sans oublier l'adoption d'un plan de relance européen et la réforme du système bancaire.
Des propositions concrètes pour une prétendante à l'élection suprême qui, dès la mi-mai, affirmait: "Rien ne pourra me faire renoncer. Je suis candidate depuis mai 2007. J'ai beaucoup travaillé, je me suis préparée, je n'ai pas besoin de le crier tous les matins sur les toits que je suis candidate".
Trois mois plus tard, elle ne le crie plus sur les toits mais s'emploie à le démontrer.
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