Valls se dit "favorable au principe d'une règle d'or"
Alors que les socialistes ont unanimement rejeté l'appel à l'unité nationale de François Fillon sur la règle d'or, Manuel Valls, candidat à la primaire, déclare lundi être "favorable" au principe. Objectifs: paraitre le plus responsable des candidats
"Sens de l'intérêt national", "responsabilité", "honneur": François Fillon a sorti les grands mots samedi dans Le Figaro pour demander à l'opposition d'appuyer le projet de règle d'or budgétaire. En pleine bataille des primaires, l'appel du Premier ministre a fait mouche et poussé les candidats socialistes à se prononcer sur ce qui s'annonce comme la thématique phare de la rentrée politique.
Le PS, unanime, refuse de cautionner un gouvernement "qui a mis la France en faillite", selon le premier secrétaire par intérim Harlem Désir. Même assurance pour Benoît Hamon: "Sur la règle d'or, ce sera 'non' au Congrès de la part des socialistes, tous les socialistes" a-t-il déclaré lundi. Pourtant, les candidats socialistes commencent à rivaliser pour savoir qui des six aspirants est le plus responsable.
François Hollande, d'abord, déclarait dimanche au JDD : "Je veux croire que nous poursuivons tous le même but (…) mais nous ne proposons pas le même chemin pour l'atteindre". Plus qu'une règle d'or, le député de Corrèze propose une "loi de programmation" de réduction des déficits aux contours flous. Rien avant 2012 en tout cas.
Responsable avant tout
Outsider de la primaire, le député-maire d'Evry Manuel Valls a sauté sur l'occasion lundi pour faire valoir sa différence. Toujours prompt à défendre des positions iconoclastes au PS, M. Valls s'est déclaré lundi "favorable au principe d'une règle d'or". Dans une lettre ouverte aux cinq autres candidats, publiée par Libération, il parle d'"exigence", de "situation inquiétante" et surtout "d'être à la hauteur".
"Sacrifier l'avenir et les nouvelles générations est insupportable", s'émeut-il avant d'affirmer: "Laisser filer le déficit de la dette, c'est se mettre dans les mains des marchés". Cette posture, Manuel Valls l'appelle le "devoir de vérité de la gauche": "Ne disons pas aux Français que nous n'augmenterons pas les impôts" déclare le candidat. La manoeuvre est claire: jouer la responsabilité et le sens de l'intérêt général au-delà des divisions partisanes. Une stratégie autrefois employée avec succès par François Bayrou. Mais à y regarder de plus près, le raisonnement de Manuel Valls peut sembler pour le moins acrobatique.
Discours différent, mêmes propositions
"Le président de la République cherche moins à recadrer les finances qu'à nous tendre un piège", affirme-t-il au sujet du projet de réforme constitutionnelle. Un piège dans lequel il semble tomber lui-même, en faisant mine de soutenir l'initiative présidentielle. Car le député-maire d'Evry se dit favorable au "principe" de la règle d'or mais pas du tout au projet du gouvernement. Et le candidat de poser les conditions d'une "vraie" règle d'or: "annuler la baisse du taux marginal de l'impôt sur le revenu, l'éxonération des heures supplémentaires et la baisse de la TVA dans la restauration". En gros, "revenir sur la politique fiscale pratiquée ces dernières années". Et mettre en place une "loi de programmation quinquennale garantissant la soutenabilité des finances publiques". Une proposition qui fait écho à celle de François Hollande...
Au final, Manuel Valls s'est-il réellement demarqué de ses concurrents à la primaire ? Le PS a déjà conditionné son soutien au gouvernement sur la règle d'or à la suppression des exemptions fiscales sur les heures supplémentaires, sur les hauts revenus et les restaurateurs. Le discours diverge, les propositions sont les mêmes. A un détail près. Le trublion du PS conclut sa lettre ouverte par une jolie entorse au projet du parti: "sans remettre en cause notre projet pour 2012, nous devons le revoir à l'aune de cette crise et de ses effets sur nos finances". Agacer pour exister: Manuel Valls reste bien le poil à gratter du PS.
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