"Potiches", "gadget"... Des sénateurs de droite dérapent sur la parité
Des parlementaires ont provoqué la colère de leurs collègues féminines, jeudi au Sénat, lors du débat sur un projet de loi qui prévoit l'élection d'un binôme homme-femme.
"Obsession sexuelle", "potiches", "gadget" : des sénateurs de droite se sont défoulés, jeudi 17 janvier, contre le scrutin paritaire dans les départements prévu par un projet de loi examiné par le Sénat, provoquant une réaction scandalisée de sénatrices et un débat survolté.
Qu'est-ce qui irrite tant les sénateurs de droite ?
Dans le cadre d'un projet de loi dont l'examen a débuté mardi 15 janvier au Sénat et porté par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, le gouvernement propose un mode de scrutin décrit comme unique au monde, et qui prévoit l'élection d'un binôme homme-femme de conseillers généraux dans chaque canton.
Un projet vilipendé par la droite et le centre-droit, notamment parce qu'il implique une division par deux du nombre de cantons et donc leur découpage.
Qu'ont déclaré ces sénateurs ?
Les élus de droite, tous des hommes, sont d'abord montés au créneau pour dénoncer un système "baroque", "loufoque" "invivable", jugeant qu'il défavorise les territoires ruraux. Mais leurs arguments ont vite dérapé sur la question de la parité accusée de "n'être qu'un prétexte".
Eric Doligé (UMP) ouvre le bal : "Faciliter la mixité, ce n'est pas passer de 13% à 100% d'un coup ! Ce sera très difficile à faire...". Le centriste Hervé Maurey (UDI) lui emboîte le pas, qualifiant ce scrutin de "totalement baroque", de "gadget", et assurant que "beaucoup de femmes risquent de se retrouver dans le rôle de potiches : les hommes s'occuperont des dossiers nobles et les femmes des affaires sociales". "De grâce, pas d'obsession sexuelle collective, embraye Christophe Béchu (UMP). La parité doit-elle être absolue compte tenu de tout ce qu'on entend sur la théorie du genre, le mariage pour tous ?"
"C'est humiliant pour les femmes", renchérit Bruno Sido (UMP), qui propose de laisser ce binôme homme-femme juste pour une mandature. Ainsi, les femmes "auront eu le temps de faire leurs preuves...".
Comment ont réagi les sénatrices ?
Piquées au vif, les sénatrices ont aussitôt répliqué, s'inscrivant en rafale dans la discussion, d'abord à gauche puis à droite. "C'est inadmissible, scandaleux, accepteriez-vous, messieurs, qu'il soit tenu de tels propos sur vous par des femmes ? Nous ne sommes pas des gadgets !" proteste Hélène Lipietz (EE-LV).
Laurence Rossignol (PS) tire ensuite à boulets rouges contre un débat "terriblement régressif", s'en prenant au sénateur UMP Bruno Sido qui fait une remarque alors qu'elle prend la parole. "Vous pouvez répéter tout haut, vous venez de dire : 'c'est qui cette nana ?' Monsieur Sido, vous avez gagné la palme de la misogynie beauf de cette assemblée !" "Des mesures transitoires en attendant que les femmes développent leurs compétences ? Et si on proposait aux hommes des examens pour vérifier leurs compétences ?", s'indigne à son tour Catherine Tasca (PS).
Même des élues de droite, comme Isabelle Debré (UMP), Sophie Primas (UMP) ou Jacqueline Gourault (MoDem) sont montées au créneau, dénonçant les "maladresses" et même les propos "choquants" de leurs collègues masculins. Des réactions qui ont visiblement exaspéré l'UMP Christophe Béchu : "Si, dès qu'on dit quoi que ce soit, on se fait traiter d'horrible machiste..."
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