Prothèses mammaires PIP : les craintes des patientes font le tour du monde
Après que 250 Britanniques ont porté plainte mercredi, l'affaire des prothèses mammaires PIP, soupçonnées d'avoir provoqué des cancers chez huit patientes françaises, commence à inquiéter dans d'autres pays.
L'affaire des prothèses mammaires PIP, soupçonnées d'avoir provoqué des cancers chez huit patientes françaises, franchit les frontières.
Fondée en 1991, PIP a en effet été numéro 3 mondial des producteurs d'implants, et en produisait 100 000 par an, dont 80 % étaient destinés à l'exportation. Alexandra Blachere, qui dirige l'association Porteuses de prothèses PIP, indique avoir déjà été contactée par des porteuses d'implants défectueux en Espagne et en Italie. Elle affirme avoir également vu des rapports de contentieux au Venezuela, au Brésil ainsi que dans d'autres pays.
FTVi fait le point sur les pays les plus concernés par les prothèses défectueuses.
• Des Britanniques portent plainte
Deux cent cinquante Britanniques ont porté plainte mercredi 21 décembre, a annoncé un avocat. L'Agence britannique de régulation des produits de médecine et de santé (MHRA) assurait, plus tôt dans la journée, que ces implants ne présentaient pas de risque pour la santé.
"Il n'existe aucun facteur clinique qui indique que les patientes doivent se séparer de leurs prothèses mammaires PIP ou de tout autre type de prothèses fabriquées à base de silicone", garantit la MHRA.
Mais le quotidien britannique The Independent rapporte que l'association britannique des chirurgiens plastiques est plus méfiante. Elle partage le point de vue des médecins français, qui conseillent aux femmes porteuses de prothèses PIP de se les faire retirer par mesure de précaution, tout en soulignant qu'il n'y a pas d'urgence.
• L'Italie et l'Australie conseillent aux patientes de consulter leur chirurgien
Selon les médias italiens, environ 5 000 femmes seraient porteuses de prothèses PIP. Le conseil supérieur de la santé italien a estimé, jeudi 22 décembre, que ces implants présentaient de plus grandes probabilités de rupture ou de réactions inflammatoires, invitant les femmes concernées à en parler avec leur chirurgien.
"Les prothèses de ce type ont été retirées du marché italien le 1er avril 2010 (…) Les femmes portant des implants mammaires PIP sont invitées à discuter de leur cas avec leur chirurgien", poursuit le communiqué de l'organisme sanitaire.
En Australie, l'agence de réglementation des médicaments a indiqué que près de 8 900 implants PIP avaient été posés dans le pays. L'organisme conseille aux patientes qui se sont plaintes d'une rupture de leur prothèse ou de fuites de se faire surveiller médicalement et de consulter leur chirurgien en cas de problème.
• L'Amérique latine ne donne pas de recommandation
Les prothèses PIP sont interdites dans plusieurs pays d'Amérique latine depuis 2010. Le Venezuela, le Brésil, la Colombie et l'Argentine représentaient jusqu'alors plus de 58 % des ventes à l'exportation en 2007 et 50 % en 2009.
Mais lorsque l'Agence française du médicament (Afssaps) décide, le 29 mars 2010, de retirer du marché les prothèses mammaires PIP, l'organisme de Santé publique du Chili ordonne lui aussi le retrait.
La même mesure a été prise au Venezuela, où sont pratiquées chaque année 40 000 augmentations mammaires. La Société vénézuélienne de chirurgie plastique "s'est prononcée publiquement pour que ces prothèses ne soient plus commercialisées. Les implants en stock ont été renvoyés", a déclaré sa présidente.
Au Brésil, l'importation et la commercialisation des prothèses PIP sont interdites depuis avril 2010, à la suite de l'alerte lancée par l'Afssaps. Selon un porte-parole de l'Agence nationale de vigilance sanitaire brésilienne, 25 000 Brésiliennes portent ces prothèses.
Selon le président de la Société brésilienne de chirurgie plastique,"aucun problème" et "aucun cas de cancer" n'a été provoqué par les prothèses PIP au Brésil.
En Argentine, l'importation, la commercialisation et l'utilisation de prothèses PIP ont été interdites en avril 2010. En Colombie, l'Institut de surveillance des médicaments et des aliments les a interdits en octobre 2010.
Quelque 300 000 femmes à travers le monde sont pourvues des prothèses PIP.
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