Bayrou ne donne pas de consigne de vote, mais choisit Hollande à titre personnel
Le président du MoDem avait promis de livrer sa position sur le second tour au lendemain du débat Sarkozy-Hollande.
Il avait promis de livrer sa position sur le second tour au lendemain du débat Sarkozy-Hollande. François Bayrou, le président du MoDem, arrivé en cinquième position au premier tour de la présidentielle, n'a finalement pas donné de "consigne générale de vote" à ses électeurs, jeudi 3 mai.
Il a toutefois livré son "engagement personnel". "Je ne veux pas voter blanc, cela serait de l'indécision, a-t-il dit après avoir critiqué le président candidat, Nicolas Sarkozy. Reste le vote pour François Hollande, c'est le choix que je fais". Il a été brièvement applaudi par l'assistance, mais son choix ne faisait pas l'unanimité auprès des militants.
Fort de ses 9,13%, plus de trois millions d'électeurs, Bayrou avait transmis, mercredi 25 avril, une missive aux deux candidats finalistes. Il y dénonçait notamment la "complaisance" vis-à-vis des extrêmes.
"Une vraie rupture historique"
Dans la journée, Florence Bistagne, élue MoDem de Marseille, avait évoqué "une vraie rupture historique avec vingt ans de centrisme", en annonçant à la presse que François Bayrou allait prendre une position personnelle claire, sans donner de consigne de vote. Quelque 180 personnes membres du Conseil national du MoDem, le parlement du parti de François Bayrou, s'étaient réunies depuis le début d'après-midi au siège de la formation politique pour débattre de l'éventuelle consigne de vote de leur président.
Plusieurs conseillers MoDem avaient distillé des informations à la presse, laissant entrevoir un possible engagement de François Bayrou en faveur de François Hollande à titre personnel.
"L'avis d'un homme seul", dit Fillon
"L'avis de monsieur Bayrou, c'est l'avis d'un homme seul qui s'exprime. Son choix c'est le sien, ce n'est pas le nôtre et comme vous le voyez ici il y a beaucoup d'enthousiasme", a lancé le Premier ministre, François Fillon, après le meeting de Nicolas Sarkozy à Bordeaux.
Le patron de l'UMP, Jean-François Copé, a évoqué une "déception" : "Parce que je considère que sur le fond il partage l'essentiel de ses idées avec nous, qu'il est le premier à avoir dénoncé les dérives financières de François Hollande, et que je considère que ce choix n'a rien à voir avec un engagement politique. C'est un choix de circonstance, un choix personnel".
Quant au ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, il a déploré "très sincèrement ce choix qui m'apparaît comme complètement incohérent. Comment peut-on avoir défendu jusqu'au soir du premier tour la priorité à donner à la maîtrise des déficits et à la lutte contre le surendettement et s'apprêter à voter pour un candidat qui refuse même la règle d'or ?"
François Hollande salue un choix "d'indépendance"
François Hollande n'a pas tardé à réagir non plus. François Bayrou "a pris conscience que le candidat sortant divisait et que je rassemblais, qu'il y avait un risque pour le pays", a déclaré le candidat socialiste, soulignant qui c'était "un vote d'indépendance" et qu'il ne fallait pas "en tirer" des "leçons qui pourraient être faciles". Ainsi, il n'y a eu "aucune négociation" avec le président du MoDem, a-t-il affirmé au sortir de son meeting, à Toulouse.
Candidate à la présidentielle pour les socialistes en 2007, Ségolène Royal a salué jeudi à Toulouse "la prise de responsabilité qu'exprime François Bayrou. Il a pris la mesure de l'enjeu et il a considéré qu'il fallait que les valeurs humaines l'emportent sur les valeurs financières et que cet humanisme centriste n'était plus compatible avec le sarkozysme".
"La ligne a été passée, celle qui distingue les républicains et les autres, c'est un choix de valeurs. C'est historique pour notre pays, voilà comment je le comprends", a encore réagi Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste.
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