Biographie de Trierweiler : Hollande écrit au tribunal, la droite s'indigne
François Hollande et Manuel Valls ont envoyé chacun une lettre pour soutenir l'action en diffamation de la Première dame contre deux de ses biographes. L'opposition dénonce une "confusion institutionnelle".
JUSTICE – "Séparation des pouvoirs violée", "confusion institutionnelle" : la lettre envoyée par François Hollande pour appuyer sa compagne, Valérie Trierweiler, dans son procès contre deux de ses biographes provoque un tollé à droite, lundi 10 décembre. François Hollande s'est justifié en début d'après-midi par la voix d'un de ses proches. Francetv info retrace le fil de l'affaire.
Acte 1 : Trierweiler porte plainte pour diffamation
Christophe Jakubyszyn, en charge du service politique de TF1-LCI, et Alix Bouilhaguet, grand reporter au service politique de France 2, sont jugés à partir de lundi pour "diffamation et atteinte à la vie privée" de Valérie Trierweiler, qui a porté plainte après la publication de leur livre, La Frondeuse.
Les deux journalistes y évoquent une relation intime que Valérie Trierweiler et le président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian, auraient eue dans le passé.
La Première dame réclame 80 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros de frais de justice aux auteurs et à leur éditeur Yves Derai (Editions du Moment). Elle demande également, devant la 17e chambre civile, 70 000 euros de dommages et intérêts au magazine Point de vue, qui avait publié début octobre un entretien avec les auteurs de la biographie. L'ouvrage s'est, selon l'éditeur, vendu "autour de 20 000 exemplaires".
Acte 2 : Hollande et Valls écrivent au tribunal
Lundi, à l'ouverture du procès, RTL révèle que François Hollande et Manuel Valls ont chacun écrit une lettre au tribunal de grande instance de Paris pour soutenir l'assignation déposée par Valérie Trierweiler.
Dans une courte lettre manuscrite publiée sur le site internet de la radio, sans l'en-tête de la présidence, le chef de l'Etat parle de "pure affabulation" concernant certains passages du livre. "L'invention ne peut être un procédé dans un essai politique sauf à être présenté comme un roman", explique François Hollande.
A cela s'ajoute une missive de Manuel Valls, cette fois tapée sur ordinateur et sur papier à en-tête du ministère de l'Intérieur, datée du 27 novembre. Le ministre y confirme avoir reçu, en juin dernier, l'un des auteurs, Christophe Jakubyszyn, dans le cadre de la rédaction de son ouvrage "qui devait, selon l'auteur, lui être favorable". "Les propos qui me sont prêtés, dans ce livre, sont souvent approximatifs, partiels et sortis de leur contexte", affirme-t-il ensuite, ajoutant que certains propos lui sont "attribués alors même qu['il] ne les [a] pas tenus".
Acte 3 : la défense et l'opposition s'insurgent
L'avocat de la défense, Olivier Pardo, a immédiatement réagi, jugeant que "la séparation des pouvoirs [avait] été violée".
La droite, de son côté, est immédiatement montée au créneau : Jean-François Copé, le président de l'UMP, a déclaré être "quand même très, très surpris de voir qu'un président socialiste qui nous avait donné beaucoup de leçons de morale par le passé" soit "engagé dans une procédure" judiciaire, "comme l'est également Manuel Valls, au titre de ses fonctions de ministre de l'Intérieur".
Eric Ciotti, député RUMP et proche de François Fillon, évoque une "confusion institutionnelle inédite" sur son blog.
Acte 4 : l'entourage de Hollande réagit
François Hollande et Manuel Valls n'ont pas réagi officiellement à la publication des deux lettres, mais une source proche de l'Elysée a esquissé la défense du président auprès de l'AFP.
"On est très loin de ce qui a pu être fait dans le passé avec des pressions par voie hiérarchique via la chancellerie", a souligné cette personne, ajoutant : "Il s'agit d'un témoignage personnel de François Hollande à travers une lettre rédigée à titre privé sur papier libre dans le cadre d'une affaire qui concerne sa compagne."
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