Quand Manuel Valls réclamait le droit de vote pour les étrangers
Il y a cinq ans, le ministre de l'Intérieur se "désespérait" de faire reconnaître le droit de vote pour les étrangers pour les élections locales.
POLITIQUE - En cinq ans, Manuel Valls a-t-il retourné sa veste ? Le ministre de l'Intérieur ne cache pas son hostilité au droit de vote des étrangers hors Union européenne aux élections municipales. Dans une interview accordée au Monde publiée lundi 17 septembre, Manuel Valls estime qu'il n'y a pas urgence à respecter cette promesse de campagne de François Hollande.
Cette question du droit de vote des étrangers ressurgit alors que 75 députés PS viennent de rappeller au chef de l'Etat sa promesse électorale qu'ils souhaitent "rapidement" concrétiser. Ils signent un appel intitulé "Le droit de vote des étrangers aux élections, c'est maintenant". "Le temps presse" car "la réforme de la Constitution par le Parlement, la loi organique et sa mise en application requièrent un temps incompressible", estiment les députés socialistes signataires de cet appel.
"Un combat typiquement désespérant"
Des ardeurs tempérées rapidement par Manuel Valls. "Est-ce que c'est aujourd'hui une revendication forte dans la société française ? Un élément puissant d'intégration ? Non", dit-il au Monde. "Ça n'a pas la même portée qu'il y a trente ans. Aujourd'hui, le défi de la société française est celui de l'intégration", indique le ministre de l'Intérieur. Et il met en garde : "Attention à la jonction droite-extrême droite sur ce sujet. Il faut bien évaluer les conséquences d'un référendum, pas seulement en termes de résultats mais aussi de déchirure dans la société française."
Ces déclarations sont pourtant à l'opposé de ce que le ministre écrivait le 31 mai 2007 sur son blog. A l'époque, il évoquait "un combat typiquement désespérant pour un militant de gauche". "Cela fait des années que nous attendons que le droit de vote des étrangers aux élections locales soit reconnu (...) Je crois pourtant que notre société approche de la maturité nécessaire à l'avènement de ce droit", écrivait alors Manuel Valls. Et comme le remarque Le Lab, la question de l'intégration, que le ministre de l'Intérieur met aujourd'hui en avant pour temporiser la mise en place du droit de vote des étrangers, était alors un argument clé : "Une majorité se forme pour admettre que le droit de vote au lieu de dévaloriser l'acte de naturalisation (l'argument traditionnel de la droite) est au contraire un sas vers l'intégration."
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