Afghanistan : les talibans revendiquent le meurtre des quatre soldats français
Ils ont été tués par un militaire afghan dans la vallée de Tagab, où stationne le contingent français. Une quinzaine d'autres soldats ont été blessés, dont huit grièvement.
Nicolas Sarkozy a confirmé vendredi 20 janvier la mort de quatre soldats français de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf). Une quinzaine d'autres soldats ont été blessés, dont "huit grièvement", selon le gouvernement français. Samedi, les talibans ont confirmé être à l'origine de cette agression, qualifiée "d'assassinat" par la France. Le ministre de la Défense Gérard Longuet est arrivé sur place, dans la matinée.
Le chef de l'Etat a annoncé la suspension de toutes les opérations de formation et d'aide au combat de l'armée en Afghanistan, en posant la question d'un retour anticipé des troupes françaises.
• Que s'est-il passé ?
La fusillade s'est produite vendredi vers 8 heures du matin (heure locale) dans le cadre d'un entraînement dans la base de Gwam, tenue par l'armée afghane dans la vallée de Tagab (province de Kapisa, nord-est du pays).
Les quatre victimes sont le sergent-chef Svilen Simeonov, 34 ans, du 2e régiment étranger de Saint-Christol (Vaucluse), ainsi que trois militaires du 93e régiment d'artillerie de montagne de Varces (Isère), les adjudants-chefs Fabrice Willm, 43 ans, Denis Estin, 45 ans, et le caporal-chef Geoffrey Baumela, 27 ans.
Les Français, qui participent à la formation des forces locales, n'étaient pas armés et étaient en train de faire un footing. Vêtu d'un uniforme afghan, "un tireur a abattu, assassiné quatre de nos soldats dans des conditions qui sont inacceptables", a précisé le ministre de la Défense Gérard Longuet. Selon lui, le tireur présumé a été arrêté, mais "on ne sait pas pour l'instant s'il s'agit d'un taliban infiltré" ou d'un soldat afghan. "C'est une tragédie qui s'apparente à un assassinat", a-t-il estimé.
• Cette attaque a-t-elle été revendiquée ?
Vendredi, les talibans ont "salué" la fusillade, mais il a fallu attendre samedi pour qu'ils la revendiquent clairement. Ils ont affirmé avoir recruté le soldat à l'origine des tirs. "L'émirat islamique d'Afghanistan a recruté des personnes occupant d'importantes fonctions. Certains ont déjà accompli leurs missions", a déclaré un porte-parole des taliban à l'agence Reuters.
Cette nouvelle attaque porte à 82 le nombre de militaires français tués depuis le début du conflit il y a dix ans, dont 26 pour la seule année 2011, la plus meurtrière de toutes. Six cents soldats, sur les quelque 4 000 présents en Afghanistan, devraient être rapatriés en France cette année dans le cadre du retrait progressif des troupes françaises. Ce retrait s'étalera jusqu'en 2014, selon le ministère de la Défense.
• Quelle est la réaction de la France ?
S'exprimant avant ses vœux aux diplomates, Nicolas Sarkozy a indiqué que Gérard Longuet se rendrait "immédiatement" en Afghanistan pour faire le point sur la situation. Le chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, doit l'accompagner.
"D'ici là, toutes les opérations de formation, d'aide au combat de l'armée française, sont suspendues", a-t-il déclaré. Le chef de l'Etat a chargé Gérard Longuet de faire un rapport à son retour, avec le Premier ministre, François Fillon, et le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, "sur ce qu'il aura vu en Afghanistan (...). Si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d'un retour anticipé de l'armée française."
Le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande a réitéré vendredi sa "volonté de retirer" les forces françaises d'Afghanistan d'ici à la fin 2012. Une position partagée par l'écologiste Eva Joly et la candidate du FN Marine Le Pen.
• Et des Etats-Unis ?
Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, a affirmé ne pas croire au fait que la France allait accélérer son retrait d'Afghanistan.
C'est une "décision que seul le gouvernement français peut prendre", avait réagi un peu plus tôt le porte-parole du Pentagone à Washington, la Maison Blanche refusant de commenter la possibilité de ce retrait anticipé, tout en exprimant ses condoléances.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.