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2011 : année la plus meurtrière pour les soldats français en Afghanistan

Deux légionnaires du régiment de génie de Saint-Christol ont été tués jeudi 29 décembre 2011 par un soldat afghan, portant à 78 le nombre de Français morts depuis le début du conflit. 

Article rédigé par franceinfo
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Un soldat français assure la sécurité d'un convoi dans la Vallée de Tagab, province de Kapisa (Afghanistan), le 22 février 2011.  (AYMERIC VINCENOT / AFP)

78 militaires français sont morts depuis le début du conflit en Afghanistan fin 2001, dont 26 en 2011. Cette année aura été la plus meurtrière de toutes pour les troupes françaises. Loin devant 2010 et ses 16 victimes, ou encore 2008, année durant laquelle 11 soldats ont trouvé la mort, dont 10 dans une seule et même embuscade à Uzbin. 

563 soldats de la coalition ont été tués en Afghanistan pour la seule année 2011. "Etrange année que 2011", note avec une pointe d'amertume le site armée.com, "celle du transfert des compétences militaires aux forces afghanes de sécurité, celle de la recrudescence d’attaques meurtrières, celle du rapatriement progressif de nos soldats". Retour sur la dernière année d'une opération extérieure coûteuse en vie humaine.

Un début d'année déjà meurtrier

En juin, le bilan des victimes françaises sur le sol afghan s'élève déjà à neuf morts en moins de six mois, plaçant d'ores et déjà l'année parmi les plus meutrières. Mais les pertes les plus lourdes sont enregistrées le 17 juillet 2011, lorsque cinq soldats français trouvent la mort dans une attaque suicide perpétrée contre un convoi de l'armée, dans la vallée de la Kapisa. 

En octobre 2011, le rapport du Général Thorette sur les pertes militaires françaises en opérations extérieures depuis 1963 place la guerre en Afghanistan comme étant la 4ème la plus meurtrière depuis la fin de la guerre d'Algérie, derrière le Tchad et le Liban (158 morts chacun), et celles en ex-Yougoslavie (116 morts). 

Juin : l'annonce du retrait des troupes

Le 23 juin, l'Elysée annonce le début du retrait des troupes françaises du sol afghan."Compte tenu des progrès enregistrés", la France "engagera un retrait progressif de renforts envoyés en Afghanistan, de manière proportionnelle et dans un calendrier comparable au retrait des renforts américains", détaille le communiqué.

Un premier départ de 200 soldats a eu lieu début octobre 2011, et un deuxième qui devait intervenir avant le 31 décembre s'est déjà déroulé peu après Noël. 600 autres devraient partir l'an prochain. En bref, les près 4 000 soldats en mission en Afghanistan seront rappatriés d'ici fin 2014, si le calendrier est respecté. 

Juillet : le transfert de compétences aux forces afghanes

Le 24 juillet 2011, les forces de l'OTAN achèvent la première phase du transfert de compétences à l'armée afghane. Les forces locales prennent alors la main en matière de sécurité dans la vallée du Panshir, au Nord-Est du pays. La phase de transition s'est déroulée dans six provinces pendant une semaine, raconte L'Express.fr .

La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) a ensuite passé la main dans les villes de Mazar-i-Sharif (Nord), Lashkar Gah (Sud) et Herat (Ouest), ainsi que dans le secteur de Mehtar Lam, dans la province de Laghman (Est).

Avant le départ, la crainte des talibans infiltrés

Les deux soldats français tués le jeudi 29 décembre 2011 ont été volontairement visés par un soldat afghan. Le communiqué de l'Elysée est sans ambiguité : "Au cours d'une mission d'appui au profit de l'armée nationale afghane (ANA) en vallée de Tagab, ces deux sous-officiers ont été mortellement touchés par le tir délibéré d'un soldat afghan de l'ANA". Peu après, les talibans revendiquent l'attaque.

De quoi alimenter les craintes d'une infiltration des forces afghanes par les talibans. Fin octobre, trois soldats de l'OTAN avaient été tués lors d'un incident similaire dans le Sud par un homme en uniforme de l'armée afghane. Et l'attaque de ce type la plus meurtrière pour l'OTAN remonte au 27 avril : huit militaires américains avaient été tués dans une fusillade déclenchée par un militaire afghan, à l'intérieur de la base aérienne de Kaboul. 

Pour le ministre de la Défense Gérard Longuet, l'accident "isolé" du jeudi 29 décembre "ne remet en aucun cas en cause le processus de transition initié visant à confier les responsabilités de sécurité à l'Armée nationale afghane".

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