L'auteur de la fusillade de Toulouse aurait sanglé une caméra sur sa poitrine
Un homme a tué quatre personnes devant un collège-lycée juif de Toulouse lundi 19 mars. Son arme et son véhicule seraient les mêmes que ceux qui ont servi à tuer des militaires dans la région ces derniers jours.
Un professeur de religion et trois enfants ont été tués lundi 19 mars dans la matinée devant un collège-lycée juif de Toulouse (Haute-Garonne) par un tireur à scooter. Un autre enfant a été gravement blessé. Selon les premiers éléments de l'enquête, cette attaque semble liée aux récents meurtres de militaires à Toulouse et Montauban.
Petit à petit, on en sait un peu plus sur le tueur. Point par point, voici les éléments.
• Une petite caméra sanglée
Claude Guéant indique mardi matin qu'un témoin a vu le tueur porter une petite caméra. Le ministre de l'Intérieur confirme ainsi une information de Sud-Ouest. Les policiers tentent de corroborer ce témoignage à partir des images vidéo capturées par la vidéosurveillance de l'école, précise le quotidien régional. "C'est un appareil d'enregistrement de vues qui se place sur la poitrine qui est ajusté par des sangles et on l'a vu effectivement, et un témoin l'a dit, avec cet appareil, explique le ministre de l'Intérieur. Je ne sais pas s'il filme tout mais cet appareil a été vu effectivement".
La caméra miniature évoque un appareil habituellement utilisé par les plongeurs et sportifs de l'extrême pour filmer leurs exploits, en surf, ski ou parachute. C'est un appareil "permettant d'enregistrer en grand angle des images et ensuite de les visionner sur l'ordinateur. Dans mon esprit, cela serait de nature à conforter le profil psychologique de l'assassin", a considéré le ministre, rappelant que "chacun présente [celui-ci] comme quelqu'un de très froid, très déterminé, très maître de lui dans ses gestes, de très cruel". Claude Guéant a ajouté que de telles images "sont faites soit pour les visionner, soit pour les diffuser". Toutefois, elles n'avaient pas, "à [sa] connaissance", été rendues public mardi matin, notamment sur internet.
• Le même 11.43
C'est à chaque fois la "même arme", selon une source proche de l'enquête. Une seule et même arme de calibre 11.43 aurait servi à trois reprises dans le Sud-Ouest. Elle a d'abord servi à abattre un militaire à Toulouse le 11 mars. Quatre jours plus tard, elle a été utilisée pour tuer deux militaires et en blesser un grièvement à Montauban. Elle a encore été employé lors de la fusillade devant l'école juive lundi. Cette fois, le tireur était également muni d'un 9 mm, qui se serait enrayé. Il aurait alors utilisé le 11.43 à l'intérieur de l'établissement.
"Le 9 mm parabellum est plus répandu aujourd'hui dans le milieu du grand banditisme, observe un spécialiste de balistique. Mais il reste encore beaucoup de calibres 11.43 en circulation depuis la seconde guerre mondiale car c'était l'arme utilisée par les soldats français et américains."
• Le même scooter volé et maquillé
Dans les trois affaires, le tireur s'est échappé sur un deux-roues. Cédric Delage, secrétaire régional Unsa-Police Midi-Pyrénées, contacté par FTVi, a affirmé que la plaque d'immatriculation du véhicule ayant servi lundi pour la tuerie de l'école avait été identifiée "après visionnage des différentes caméras de vidéosurveillance". Une source proche de l'enquête a précisé à l'AFP qu'il s'agissait d'un Yamaha, de type T-MAX. Le deux-roues noir a été dérobé à Toulouse, il y a plus d'une semaine, avant le premier meurtre d'un parachutiste le 11 mars à Toulouse, précise cette même source.
Tout indique qu'il s'agirait du même scooter, à un détail près selon Audrey Goutard, spécialiste justice pour France 2 : lundi l'engin était blanc, comme le casque de l'assaillant, alors qu'il était noir à Montauban. Le tueur aurait pu maquiller l'engin entre les deux attaques.
• Caché sous son casque
Il y a peu de description physique du tireur au scooter. "J'ai vu un type qui avait un casque de moto. Je n'ai pas vu ni son visage, ni ses cheveux, ni rien du tout. Il était dans l'entrée, à l'intérieur de la cour. Il tirait", a raconté lundi un père de famille à Europe1.fr.
Une femme disant avoir été bousculée par le tueur alors qu'il venait de cribler de balles trois militaires du 17e Régiment du génie parachutiste (RGP) de Montauban a donné plus de détails. L'homme serait "de taille moyenne assez corpulent" avec un "tatouage ou une cicatrice au niveau de sa joue gauche", a-t-elle dit à plusieurs médias, dont France 2. Mais des sources proches de l'enquête ont pris leur distance avec ces déclarations, refusant de parler d'un témoignage-clé.
Un appel à témoins a été lancé après la fusillade de Montauban et les enquêteurs épluchent tous les témoignages.
• Traqué sur le net
En plus des enquêteurs de la police judiciaire et de la brigade antiterroriste, la Direction centrale de la PJ à Nanterre spécialisée dans les enquêtes sur le web travaillent sur les meurtres des militaires, selon les informations du Figaro.fr. Le maréchal des logis abattu à Toulouse aurait en effet eu rendez-vous avec son meurtrier, après une annonce postée sur le site Le Bon Coin. Les enquêteurs sont donc sur la piste de l'adresse IP, qui permet d'identifier le point de connexion d'un ordinateur sur le web. A partir de cette information, ils pourraient éventuellement remonter à des données d'abonnement, des mails, des coordonnées...
• Une logique suicidaire ?
• Une piste néonazie, parmi d'autres
LePoint.fr affirme que "trois hommes, dont l'un se serait déjà manifesté, sont actuellement recherchés : des anciens militaires du 17e RGP." Le site de l'hebdomadaire établit un lien entre cette piste et une vieille affaire de parachutistes néonazis ayant appartenu à ce régiment. Mais le ministère de l'Intérieur, contacté par FTVi, affirme ne privilégier aucune piste pour l'instant.
Selon l'agence Reuters, ces trois militaires français, radiés de l'armée en 2008 pour activités néo-nazies, ont été mis hors de cause dans les tueries. Deux d'entre eux ont été entendus dans la nuit de lundi à mardi par les enquêteurs, selon les informations recueillies par FTVi. Le troisième s'était présenté spontanément aux enquêteurs quelques jours plus tôt.
Deux hypothèses semblent dorénavant se dessiner, selon une source proche de l'enquête citée par l'AFP : "On est sur deux pistes principales évidentes : la piste islamiste et l'ultra-droite". Selon Louis Caprioli, il est difficile d'établir "une grille de lecture" par rapport à l'identité des victimes. Selon lui, "cet individu évolue peut-être entre les mouvements néo-nazis et ou le terrorisme islamique", mais de manière "isolée".
L'hypothèse d'un "déséquilibré sans idéologie", bien que "pas exclue", ne paraît toutefois pas "tenir la corde", selon des enquêteurs. Si, pourtant, il s'agissait de cela, ce serait un "déséquilibré organisé", selon une source qui fait remarquer que chaque tuerie a été perpétrée à quatre jours d'intervalle.
Le parquet de Paris, de son côté, a ouvert lundi trois enquêtes pour "assassinat et tentatives d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste".
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