Qui est Redoine Faïd, le criminel (à nouveau) en cavale ?
Cette figure du grand banditisme s'est évadé de sa prison de Séquedin, samedi. Il y a trois ans, il avait pourtant annoncé que sa vie de délinquance était derrière lui.
Encore une fois, Redoine Faïd est un homme pourchassé. Le braqueur s'est évadé samedi 13 avril de la prison de Séquedin (Nord) dans des conditions rappelant le scénario d'un sombre film de voyou : explosifs, prise d'otage, course-poursuite. Ce plan rappelle que le fugitif a un temps été consulté par le monde du cinéma pour son "expertise" en matière de criminalité. L'homme a connu différentes phases dans sa vie, entre violence, rédemption et cavales. Francetv info revient sur les facettes du caïd.
Un braqueur
"Une vie de merde". C'est ainsi que Redoine Faïd décrivait son existence en 2011. "Trente ans de délinquance, dix ans de prison". A 40 ans, il explique avoir entamé sa vie de malfrat dès le plus jeune âge. Au fil des années, il affine sa spécialisation : les attaques de fourgon blindé. Originaire de Creil, il devient un des "grands noms" du braquage dans les années 90, "considéré comme la tête de proue de cette nouvelle génération de braqueurs des cités" comme le dit Rue89. C'est pour une de ces attaques qu'il est lourdement condamné en 1999, à 18 ans de réclusion criminelle, comme l'explique France 3.
Un "repenti" devenu écrivain
Au printemps 2009, après dix années d'emprisonnement, il bénéficie d'une libération conditionnelle : interdiction de fréquenter certains lieux et certaines personnes. Cela tombe bien, il compte "se ranger des voitures", c'est à dire "prendre sa retraite". Il décide alors de coucher l'histoire de sa vie sur papier. Son livre Braqueur, des cités au grand banditisme, sort en octobre 2010. Redoine Faïd fait le tour des plateaux télés, et des pages culture des journaux, expliquant être un repenti voulant "décrire l'école du crime". Devenu agent commercial, il n'est officiellement plus intéressé par les braquages. Ou seulement pour le cinéma, qui lui fait les yeux doux, comme l'explique Rue89. Des producteurs et des réalisateurs veulent l'engager comme conseiller technique. Mais les vieux démons refont bientôt surface.
Un tueur de flic ?
Il faut remonter en fait au 20 mai 2010 : un fait-divers sanglant, décrit par Le Figaro, met la France en émoi. Une jeune policière municipale de Villiers-sur-Marne, Aurélie Fouquet, est tuée lors d'une fusillade impliquant un gang de braqueur se préparant à attaquer un fourgon. Pris en chasse par des policiers, la course-poursuite se transforme en affrontement à l'arme lourde, au cours duquel l'unité de la jeune femme est également prise pour cible. Sa mort émeut le pays et Nicolas Sarkozy la fait chevalier de la Légion d'Honneur, comme le relate alors Le Monde. Les auteurs du meurtre sont en fuite. Le pouvoir promet leur arrestation.
Sept mois plus tard, l'enquête aboutit. Un coup de filet permet l'interpellation de 27 personnes comme l'indique Le Figaro en janvier 2011. Sept individus sont mis en examen, et Redoine Faïd est soupçonné de faire parti du gang. Mais l'homme est introuvable. Il assure, par la voix de son avocat, qu'il est innocent et va se rendre de lui-même. Il n'en fera rien et part en cavale.
Fin juin 2011, des policiers de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), dont "l'anti-gang" de Lille, l'interpellent à Villeneuve d'Ascq (Nord). Faïd était "peut-être sur le point de participer à un projet de braquage de transport de fonds dans la région lilloise" selon la police, citée par France 3 Nord.
Un détenu dangereux
Mais ce n'est pas pour la fusillade de Villiers-sur-Marne qu'il est incarcéré à nouveau. C'est pour le non-respect de ses conditions de libération conditionnelle. Et s'il est finalement mis en examen, c'est pour l'attaque d'un fourgon blindé perpétré en mars 2011 dans le Nord, comme l'explique alors L'Express. Mais il reste soupçonné d'être le maître d'oeuvre de l'attaque fatale à la policière municipale. Il est considéré comme un "détenu dangereux". Samedi 13 avril, les conditions de sécurité drastiques de la prison de Séquedin n'ont pas suffi pour détecter les explosifs cachés dans les mouchoirs apportés par sa compagne lors d'un parloir. Revoilà Redoine Faïd en cavale, et ce n'est, malheureusement, pas du cinéma.
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