Qui veut remplacer Jérôme Cahuzac à l'Assemblée ?
Le Parti socialiste vote mardi soir pour choisir son candidat au siège laissé vacant par l'ancien ministre du Budget. L'UMP attend un sondage pour désigner le sien.
La date de l'élection n'est pas encore connue, mais ils sont déjà nombreux à convoiter le siège. Les électeurs de la troisième circonscription du Lot-et-Garonne voteront cet été pour choisir un nouveau député, après la démission de Jérôme Cahuzac le 18 avril.
Si l'ancien ministre s'était facilement imposé en juin 2012 avec 61,48% des voix, la bataille s'annonce disputée cette fois-ci. Le contexte politique est bien plus défavorable à la majorité et la circonscription n'est pas particulièrement ancrée à gauche. Jérôme Cahuzac lui-même avait été battu en 2002 par le candidat UMP.
Alors que le Parti socialiste vote mardi 30 avril pour choisir son candidat, francetv info dresse le portrait des postulants.
Trois candidats pour une primaire au PS
Après la démission de Jérôme Cahuzac, le Parti socialiste a d'abord dû gérer l'absence de candidatures. Le suppléant de l'ancien ministre du Budget, Jean-Claude Gouget, député pendant neuf mois, refuse de rempiler. Le maire de Villeneuve-sur-Lot, Patrick Cassany, préfère lui se concentrer sur les municipales de 2014. A tel point que le journal Sud Ouest estimait mi-avril que le PS laisserait la candidature à un membre d'Europe Ecologie-Les Verts.
Trois personnalités locales se présentent finalement devant les militants socialistes. Ces derniers devront choisir, le 30 avril et le 7 mai, entre Catherine Joffroy, Bernard Barral et Eric Congé. Avocate au barreau d'Agen et conseillère municipale de Pujols, Catherine Joffroy, la plus jeune du trio, est soutenue par le maire de Villeneuve-sur-Lot, dont elle est la suppléante au conseil général, et par des cadres départementaux du parti. Mais elle possède une "maigre expérience politique", relève Sud Ouest.
Agé de 66 ans, Bernard Barral représente le monde de l'entrepreneuriat. Ancien ouvrier agricole, il est aujourd'hui à la tête de Barral traiteurs, une entreprise du département. Militant au PS depuis 1974, il s'était déjà présenté aux législatives en 1981, à Castelsarrasin (Lot-et-Garonne).
Maire de Gavaudun et inspecteur d'académie à Toulouse (Haute-Garonne), Eric Congé complète ce trio. Ce professeur agrégé de mathématiques, qui constate dans La Dépêche du Midi "le grand vide" laissé par le départ de Jérôme Cahuzac, a été le dernier à officialiser sa candidature.
Un sondage pour départager les deux candidats de l'UMP
A l'UMP, c'est un sondage, commandé par la commission d'investiture du parti, qui décidera du candidat. "Quand on doit départager deux candidats qui se ressemblent, c'est plus facile de trancher. Mais là, nous avons deux candidats qui se différencient fondamentalement", explique à Sud Ouest Michel Diefenbacher, responsable de l'UMP dans le département.
D'un côté, Jean-Louis Costes, représentant de la "classe politique installée" selon les mots de Michel Diefenbacher. Maire et conseiller général de Fumel, c'est lui qui a affronté Jérôme Cahuzac en juin 2012 (27% des voix au premier tour, 38,5% au second). Il a déjà prévenu qu'il se présenterait, avec ou sans l'investiture UMP. De l'autre, Nicolas Bellettieri, "qui incarne le renouvellement". Villeneuvois de naissance et responsable départemental des jeunes actifs UMP, il travaille aujourd'hui en région parisienne. Son expérience électorale se limite à deux candidatures, aux élections municipales à Dourdan (Essonne) en 2008, puis aux cantonales à Villeneuve en 2011.
Si les deux hommes se félicitent officiellement dans Sud Ouest de la décision du parti, ils n'ont pas vraiment la même conception de la forme que devrait prendre le sondage. Jean-Louis Costes parle de "sondage de notoriété", quand Nicolas Bellettieri propose une question dont l'intitulé le présente comme un "candidat nouveau" contre le "candidat battu". Contactée par francetv info, l'UMP refuse d'en dire plus sur les modalités et le calendrier de l'enquête d'opinion.
Un étudiant de 23 ans pour le Front national
Au Front national, le débat entre l'expérience et la jeunesse a été tranché. Alors qu'elle avait défendu les couleurs du parti aux dernières législatives, Catherine Martin a été écartée au profit d'Etienne Bousquet-Cassagne, un étudiant de 23 ans. Venu de la circonscription voisine (Marmande-Tonneins), où il était candidat en juin 2012, il portera les espoirs d'un parti qui espère bien poursuivre son essor observé lors des derniers scrutins. Dans la circonscription, Catherine Martin avait décroché la troisième place, avec 15,71% des voix. Marine Le Pen elle-même fera le déplacement samedi 4 mai.
Le choix d'Etienne Bousquet-Cassagne s'inscrit pleinement dans la nouvelle stratégie du Front national version Marine Le Pen. Fille de pieds-noirs et inconditionnelle de Jean-Marie Le Pen, Catherine Martin n'était "pas vraiment la came de Philippot", à l'inverse d'un Etienne Bousquet-Cassagne "plus policé", analyse Sud Ouest. La commerçante villeneuvoise avait d'ailleurs pris à partie le numéro deux du Front national à l'été 2012, en lui reprochant d'avoir déposé une gerbe sur la tombe du général de Gaulle, relève L'Express.fr. Déçue par son éviction, elle a finalement refusé d'être la suppléante du jeune homme.
Une militante de RESF pour le Front de gauche
Déjà candidate en juin (4,5%), Marie-Hélène Loiseau a été officiellement reconduite lundi 29 avril. Membre du Réseau éducation sans frontières (RESF), elle entend porter "une vraie politique de gauche" pour rompre avec l'austérité de Nicolas Sarkozy et François Hollande, a-t-elle expliqué à Sud Ouest. Le porte-parole du Parti communiste, Olivier Dartigolles, et la coprésidente du Parti de gauche, Martine Billard, se déplaceront vendredi 3 mai pour la soutenir.
Un candidat soutenu par le Parti occitan pour EE-LV
Europe Ecologie-Les Verts a aussi opté pour la continuité avec le même candidat qu'en juin, également soutenu par le Parti occitan. Lionel Feuillas, qui avait obtenu 2,03% des suffrages, entend bien marquer sa différence avec le reste de la gauche. "Nous avons un projet de société différent de celui du PS et du Front de gauche, il est normal d'être là pour faire connaître nos idées", précise-t-il à La Dépêche du Midi.
Un militant anticorruption pour le MoDem ?
Comme l'UMP et le PS, le MoDem n'a pas encore tranché. Joël Collet, chef d'entreprise et ancien de l'UDF, Yamina Kichi, médecin généraliste soutenue par le président du MoDem départemental, selon Sud Ouest, et Patrick Beauvillard se disputent l'investiture.
En pleine affaire Cahuzac, le profil de ce dernier est intéressant pour le parti de François Bayrou : le conseiller régional d'Aquitaine est le représentant dans le Lot-et-Garonne de l'association Anticor, qui lutte contre la corruption. C'est à ce titre qu'il avait présenté lors des dernières législatives la charte Anticor à Jérôme Cahuzac. Ce dernier avait refusé de la signer, comme Patrick Beauvillard le raconte à Sud Ouest.
Un lycéen pour "l'extrême centre"
Le candidat surprise est un lycéen de 18 ans. Joffrey Raphaël-Leygues, qui se présentera avec une "tendance extrême centre" selon sa mère, veut se "faire connaître et marquer les esprits", comme il l'a expliqué à Sud Ouest. Passionné de politique, celui qui avait tendu un tract Nicolas Sarkozy à Jérôme Cahuzac peut toujours compter sur son patronyme, célébre à Villeneuve. Son arrière-arrière-grand-père, Georges Leygues, a été ministre de la Marine pendant la première guerre mondiale puis président du Conseil. Le lycée où le jeune homme est scolarisé porte son nom.
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