Vidéo Islande : les habitants de la péninsule de Reykjanes apprennent à vivre au rythme des éruptions volcaniques

Depuis le mois de novembre 2023, la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de l'Islande, a connu une succession d'éruptions volcaniques provoquant l'évacuation des 4 000 habitants de la commune de Grindavík. Malgré l'édification d'une digue, la lave a atteint plusieurs maisons et de nombreuses failles traversent désormais la ville qui s'est affaissée de 1m40.

Le 8 février 2024, alors que le jour se lève, une troisième éruption menace une des routes. Ael, photographe français qui documente chaque activité volcanique sur la péninsule, est l'un des premiers à pouvoir se rendre sur la zone, escorté par des policiers. "La route qui mène à Grindavík ne va pas tarder à disparaître puisque la lave s'approche relativement vite, donc c'est très préoccupant. On voit le panache de fumée, heureusement, on a une échappatoire derrière nous", se rassure-t-il.

Un pipeline alimentant 30 000 foyers sectionné

Ce spectacle, Ael y a assisté à plusieurs reprises, pourtant, il reste hypnotisé par la lave engloutissant le paysage : "C'est très brutal parce qu'on se rend compte à quel point la nature reprend ses droits avec une facilité déconcertante. Tout va être rayé de la carte en quelques secondes." Les policiers le ramènent à la réalité en évacuant le périmètre à cause des émanations de dioxyde de soufre qui les entoure.

Mais cette fois, les conséquences de l'éruption volcanique se font sentir bien au-delà de la ville de Grindavík. En plus de faire disparaître la route, la lave a sectionné un pipeline alimentant 30 000 foyers. Par - 10 degrés, la région est privée d'eau chaude et de chauffage. Dans les magasins aux alentours, la population se rue sur les radiateurs d'appoint.

Ce nouveau cycle d'activité volcanique pourrait durer des dizaines d'années

Une situation angoissante pour Ael et sa femme Julie, qui sont revenus sur l'ancienne route désormais ensevelie sous un amas de lave. Le spectacle qu'ils trouvaient fascinant autrefois menace aujourd'hui la vie des habitants de la péninsule. "Des morceaux de bitume et de signalisation qui sont en train de se consumer, ça a quand même toujours un drôle d'arrière-goût. On n'a plus ce côté contemplatif, c'est moins exaltant de voir ça. Et ce n'est que le début...", redoute Ael.

Julie, sa femme qui exerce la profession de ranger, est aussi très inquiète pour la suite des événements : "Moi, c'est quand même mon secteur d'intervention en tant que ranger, donc j'y suis attachée. C'est vrai que l'on pensait que ça ne toucherait que Grindavík et là, le fait d'avoir une éruption qui coupe un tuyau d'alimentation, ça a aussi des conséquences sur le reste de la péninsule. Là, on n'est plus dans l'excitation, on est dans le stress de savoir ce qui va se passer dans le futur."

La péninsule de Reykjanes est située sur deux plaques tectoniques, à la jonction de la plaque américaine et la plaque eurasienne qui s'écartent de 1 à 2 centimètres par an, provoquant fréquemment de légers séismes. Après être resté calme pendant huit cents ans, un volcan a repris son activité en 2021. Selon les vulcanologues, cette série d'éruptions a relancé un nouveau cycle d'activité volcanique qui pourrait durer des dizaines d'années.

Extrait de "Islande : la vie après l'éruption", diffusé dans "13h15 le samedi", le 13 avril 2024.

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