: Vidéo "Se retrouver nez à nez avec un type habillé tout en noir avec une kalachnikov…" : dix ans après l'attentat contre "Charlie Hebdo", Riss raconte comment il a vécu le drame
Il est l’un des rescapés de l’attentat de 2015 qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo. Dix ans après, le dessinateur Riss, devenu directeur de publication du journal satirique, se bat toujours à coups de crayon pour la liberté d’expression. Aux équipes de "13h15 le dimanche" (X(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre), #13h15(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)), il raconte cette terrible journée du 7 janvier 2015.
Alors que l’équipe était au complet pour la première conférence de rédaction de l’année, les débats sur l’actualité sont brutalement interrompus. "Ils sont rentrés comme ça, je me suis retrouvé nez à nez avec un type habillé tout en noir, avec une kalachnikov et une cagoule. Quand vous voyez ça, vous vous dites ‘Ben voilà, c’est fini, la vie est terminée’. Il n’y a pas d’issue, on ne peut pas s’échapper, et la pièce n’est pas très grande. Quand il a ouvert la porte, il a marqué un temps, se souvient-il. Il a observé la pièce et j’ai souvent pensé qu’il ne s’imaginait pas qu’il y avait autant de gens dans la pièce. Je pense qu’il a été surpris de voir qu’il y avait autant de gens. Ils étaient venus pour Charb, ça c’est sûr, puisqu’il a dit son nom à la fin, il est revenu et il a dit ‘Charb, il est où ?’..."
Charb ciblé par Al-Qaïda
Charb, à l’époque directeur de Charlie Hebdo, avait été désigné, dans la revue de propagande en ligne d’Al-Qaïda en 2013, comme personnalité à abattre après la parution des caricatures de Mahomet. Mais les terroristes tirent sans distinction sur toutes les personnes présentes dans les locaux du journal. Ils blessent d’abord Simon Fieschi, le webmaster du journal, puis tuent Franck Brinsolaro, le policier qui protégeait Charb.
"Moi, j’étais couché face contre terre, donc je ne voyais rien, et c’était uniquement avec les sons que j’essayais de comprendre ce qui se passait autour de moi, précise Riss. Et à un moment donné, il n’y a plus de bruit, on n’entend plus rien, donc on se dit que c’est fini, mais en fait, on n’en sait rien. Ils sont peut-être encore là et surtout, on ne sait pas combien ils sont. Est-ce qu’ils sont trois, deux, quatre, est-ce qu’ils ont une autre équipe ailleurs ou dans la rue ? On n'a aucune information. C’est ça qui rend aussi très vulnérable, vous ne savez pas ce qui se passe."
"En quelques secondes, il faut faire son deuil de vingt-cinq années"
C’est en entendant les murmures des autres membres du journal que le dessinateur trouve la force de se lever, mais il ferme les yeux pour ne pas regarder les morts au sol, par respect. "C’est un moment d’intimité qu’on n’aurait pas dû vivre avec eux, on n’aurait pas dû être là. Et donc, je ne les ai pas regardés parce que je voulais respecter une sphère autour d’eux de protection, je ne voulais pas m’immiscer dans ce dernier instant. J’étais pas à ma place en fait, j’aurais pas dû être là, à les voir comme ça. Parce que c’est des amis, des gens que je voyais trois, quatre fois par semaine depuis plus de vingt-cinq ans. Il faut faire son deuil en quelques secondes de ces vingt-cinq années."
Extrait de "Charlie, vivre encore", diffusé dans "13h15 le dimanche(Nouvelle fenêtre)(Nouvelle fenêtre)" le 5 janvier 2025.
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