Vidéo "J'ai dit 'Allez vous faire foutre', et c'était pour les Russes" : aux JO de Moscou en 1980, une médaille d'or polonaise et un bras d'honneur historique

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Durée de la vidéo : 5 min
"J'ai dit 'Allez vous faire foutre', et c'était pour les Russes" : aux JO de Moscou en 1980, une médaille d'or polonaise et un bras d'honneur historique
"J'ai dit 'Allez vous faire foutre', et c'était pour les Russes" : aux JO de Moscou en 1980, une médaille d'or polonaise et un bras d'honneur historique "J'ai dit 'Allez vous faire foutre', et c'était pour les Russes" : aux JO de Moscou en 1980, une médaille d'or polonaise et un bras d'honneur historique (AFFAIRES SENSIBLES / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Son destin a basculé en un instant, il y a un peu plus de quarante ans. Il est l'un de ces athlètes passés à la postérité pour un coup d'éclat pendant les Jeux olympiques. Retransmis en direct dans le monde entier, le bras d'honneur d'un perchiste polonais au public russe l'a propulsé au rang de héros dans son pays. Il s'en souvient avec émotion dans un extrait d'"Affaires sensibles".

Moscou, stade Lénine, le 30 juillet 1980 : le Polonais Władysław Kozakiewicz, 27 ans, est l'un des favoris de l'épreuve du saut à la perche de ces vingt-deuxièmes Jeux olympiques. Le géant blond tout en décontraction s'élance… sous les sifflets des spectateurs russes. "L'ambiance dans le stade, c'était terrible, se souvient le perchiste français Philippe Houvion. Il y avait 95 000 personnes là, dans ce grand stade, c'était comme le Colisée."

"Les Russes me sifflent du premier au dernier essai, raconte aujourd'hui Władysław Kozakiewicz. Vous voulez savoir pourquoi ? Ils étaient contre la Pologne, tous les Polonais, et contre moi." Entre Russes et Polonais, la rivalité est historique, et les spectateurs moscovites ne conçoivent pas que le perchiste soviétique, Konstantin Volkov, perde à domicile face à Kozakiewicz. Alors ils manifestent bruyamment leur hostilité. 

Un geste spontané

Loin de troubler Kozakiewicz, la réaction du public russe le galvanise. Le Polonais franchit les 5,75 mètres qui lui assurent la médaille d'or, puis se relève... en adressant au public moscovite un magnifique bras d'honneur. Un geste qui a surpris jusqu'à son auteur, affirme celui-ci dans "Affaires sensibles", plus de quarante ans plus tard : "Je n'ai pas pensé au fait que j'avais gagné, mais juste pensé aux Polonais. Et j'ai dit : 'Allez vous faire foutre.' Et ça… ça, c'était pour les Russes."

"Ce n'était pas un geste prémédité que j'aurais planifié avant la compétition."

Władysław Kozakiewicz

dans "Affaires sensibles"

"Quand Koza fait ça, il est au centre de Moscou, il prend les Soviétiques, il leur fait un bras d'honneur ! C'est quand même assez couillu !" s'exclame Philippe Houvion, plein d'admiration pour le champion et son geste "absolument fabuleux", "le geste qu'il fallait faire au moment où il l'a fait".

Une dimension politique imprévue

Deux semaines après ces Jeux olympiques, des manifestations éclatent en Pologne. Le pays, alors dirigé par le Parti communiste, est encore sous le joug de l'URSS, et la population souffre de pénuries alimentaires. Ce bras d'honneur devient le symbole du soulèvement du peuple polonais contre la domination soviétique, et son auteur un héros… qui se révèle encombrant pour le pouvoir.

La Fédération d'athlétisme polonaise est contrôlée par le parti. Après ces JO, elle empêche Kozakiewicz de participer à plusieurs compétitions internationales, il perd sa bourse de sportif. En 1985, il décide de quitter son pays pour l'Allemagne (où il réside aujourd'hui), un passage à l'Ouest synonyme de trahison pour le régime polonais. Ses comptes en banque ont été fermés, son appartement saisi… mais aucune sanction ne pouvait lui enlever son talent de perchiste.

Extrait de "Les révoltés des Jeux olympiques", un documentaire à revoir le 12 mai 2024 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter.

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