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Vidéo Comment les syndicats de police ont eu la peau de Christophe Castaner

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Comment les syndicats de police ont eu la peau de Christophe Castaner
Comment les syndicats de police ont eu la peau de Christophe Castaner Comment les syndicats de police ont eu la peau de Christophe Castaner (Complément d'enquête / France 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
Dans les couloirs des commissariats, ils feraient les carrières, mais leur pouvoir ne s'arrêterait pas là. Les très puissants syndicats de policiers seraient aussi capables de défaire leurs ministres. Christophe Castaner l'a confirmé à "Complément d'enquête" : ce sont eux qui ont eu sa peau. Voici un extrait de l'émission du 1er décembre 2022, qui revient sur cet épisode.

Depuis l'hiver 2018 et ses manifestations de "gilets jaunes" tous les samedis, le prédécesseur de Gérald Darmanin était sous pression. Quelques mois plus tard, il allait payer cher ce que le journaliste David Dufresne, spécialiste des violences policières, appelle "un moment de bémol" dans sa carrière de ministre de l'Intérieur. 

En janvier 2020, Cédric Chouviat décède au lendemain d'une interpellation violente. Plaqué au sol, le coursier a subi une clé d'étranglement ; une vidéo où on l'entend dire "J'étouffe" tourne sur les réseaux sociaux. Christophe Castaner, qui "prend la mesure du drame", selon David Dufresne, promet alors l'abandon de la clé d'étranglement lors des interpellations. Il "demande aussi qu'une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d'acte ou de propos raciste". Selon Yves Lefebvre, qui était alors patron d'Unité SGP Police, l'un des deux principaux syndicats de policiers, ce terme de "soupçon avéré" qui "ne voulait rien dire" aurait "fait exploser la marmite". 

Dans les médias, le patron d'un syndicat policier appuie sur la gâchette

Avant une réunion de crise organisée en urgence place Beauvau, Yves Lefebvre a une entrevue avec Christophe Castaner le soir même, qu'il raconte dans cet extrait de "Complément d'enquête". Fou de rage, il lui reproche selon lui une "erreur monumentale" ; le ministre aurait rétropédalé et promis de "rectifier le tir". Mais il est déjà trop tard : les policiers en colère jettent leurs menottes à terre, bloquent les commissariats, manifestent sur les Champs-Elysées… Christophe Castaner est définitivement lâché par ses troupes.

Yves Lefebvre va alors appuyer sur la gâchette. "Les policiers ne considèrent plus Christophe Castaner comme étant légitimement leur ministre aujourd'hui. Il est indigne d'être le ministre de l'Intérieur", martèle-t-il sur Europe 1. "Je crois que mon sort est scellé", lui aurait dit l'intéressé au téléphone le même soir, semblant acter son départ de la place Beauvau.

Les syndicats sont-ils puissants ? Chez Alliance, l'une des deux organisations principales avec Unité SGP Police, on ne pense pas être "plus forts que le ministre, mais [potentiellement] plus dangereux que lui". Le secrétaire général Fabien Vanhemelryck pense qu'Emmanuel Macron le sait, et se serait dit : "Bon, ça a beau être mon ami, il sert de fusible. On s'en fout, on en mettra un autre." 

Extrait de "Police : quand les syndicats font la loi", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 1er décembre 2022.

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