: Vidéo Puy du Fou : comment la famille de Villiers a pris le contrôle du parc d'attractions
Deux millions et demi de visiteurs cette année, 170 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, et un concept qui s'exporte : un parc en Espagne et des projets aux Etats-Unis et en Chine… Parti d'un petit spectacle de campagne, le Puy du Fou est devenu une multinationale, avec 32 spectacles partout en Europe, des hôtels et des produits dérivés. Un succès à la française, bien loin du projet d'origine.
Et pourtant, la famille de Villiers a failli perdre son empire. En 2006, alors que le très droitier patriarche est en campagne pour l'élection présidentielle, Laurent, le plus jeune de ses sept enfants, porte plainte pour viol contre Guillaume, l'aîné – lequel conteste ces accusations. Huit années de procédure judiciaire se concluent par un non-lieu pour "charges insuffisantes".
Un fils de Villiers accusé de viol : l'affaire qui "fout tout en l'air"
Le scandale a tout balayé pour "le candidat catholique de France, bien sous tous rapports" qu'était son père, selon Laurent de Villiers. Seize ans après ses révélations, il mène une vie discrète de l'autre côté de l'Atlantique, dans le Nebraska, où il s'est confié à "Complément d'enquête". A l'époque, les "puyfolais" (les bénévoles du Puy du Fou) auraient claqué la porte par centaines, certains fidèles auraient cherché à prendre le pouvoir.
"Là, il y a eu une panique. Et c'est là où ils ont tout bloqué, ils ont tout consolidé, pris des décisions pour que le Puy du Fou reste à tout jamais dans les mains des Villiers."
Laurent de Villiers, fils cadet de Philippe de Villiersà "Complément d'enquête"
Voici comment, en 2011, Philippe de Villiers a procédé avec l'aide de son deuxième fils, Nicolas, aujourd'hui à la tête de la plupart des structures du Puy du Fou. Le stratagème a consisté à mettre la main en toute discrétion sur le capital du Grand Parc, société commerciale fondée en 1989, et ses dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires. Les coulisses de l'opération sont dévoilées par deux proches de l'époque, aujourd'hui en disgrâce.
Tout d'abord, révèle une ancienne puyfolaise, Christine Chamard, Philippe de Villiers (qui s'est toujours vanté de ne toucher ni salaire ni dividendes) décide en 2012 de céder au Grand Parc les scénarios des spectacles, qu'il écrit lui-même. Pendant trente ans, il les avait mis gratuitement à disposition. Estimation : près de 14 millions d'euros.
Une mystérieuse structure, Puy du Fou Stratégie
Intrigué par ce changement, l'un des mécènes du Puy du Fou et grand patron de Vendée, Yves Gonnord, lance en 2016 un audit financier du groupe. "Complément d'enquête" s'est procuré ce document qui n'avait jamais été dévoilé. Il fait apparaître une nouvelle structure : Puy du Fou Stratégie. Quel est son rôle ? En échangeant les scénarios écrits par Philippe de Villiers contre des actions du Grand Parc, elle récupère du capital : la structure possède aujourd'hui 47% du parc d'attractions et la majorité des droits de vote. Aux manettes, Philippe de Villiers, son frère Bertrand, son fils Nicolas, et deux proches de la famille.
Le Puy du Fou, qui "appartenait aux bénévoles, appartient maintenant à une seule famille, constate Christine Chamard. On est passé d'une propriété collective à une propriété familiale". Yves Gonnord se désole "de voir qu'une partie de ce que les bénévoles, qui ont consacré du temps, de leur argent personnel, etc., ont produit est passé dans les mains de Philippe de Villiers"... sans qu'ils en soient informés, selon lui. "Complément d'enquête" a interrogé une quinzaine de membres de l'association historique : malgré les dénégations de Nicolas de Villiers ("On ne fait pas de cachotteries, ici"), aucun ne connaît Puy du Fou Stratégie…
Extrait de "Histoire, argent, pouvoir : les vrais secrets du Puy du Fou", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 7 septembre 2023.
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