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Vidéo Victimes de l'Eglise : 60 000 euros en "réparation" d'une vie gâchée… "ça ne couvre même pas les frais de thérapie"

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Victimes de l'Eglise : 60 000 euros en "réparation" d'une vie gâchée... "ça ne couvre même pas les frais de thérapie"
Victimes de l'Eglise : 60 000 euros en "réparation" d'une vie gâchée... "ça ne couvre même pas les frais de thérapie" Victimes de l'Eglise : 60 000 euros en "réparation" d'une vie gâchée... "ça ne couvre même pas les frais de thérapie" (COMPLÉMENT D'ENQUÊTE / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
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"Comment peuvent-ils parler de réparation, ce n’est pas possible !" A l'été 2022, Patrick a découvert la somme proposée par la commission mise en place par l’Eglise pour la réparation de son calvaire. Pour cinq longues années de viols infligés par le curé d'Ascain, au Pays basque, et leurs répercussions sur sa vie : 60 000 euros. Il témoigne dans cet extrait de "Complément d'enquête" du 19 janvier 2023.

Soixante mille euros, c'est le plafond fixé par l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (INIRR) pour l’indemnisation des violences sexuelles commises au sein de l'Eglise. Elle a été mise en place après la publication du rapport Sauvé, qui estime à près de 330 000 le nombre de victimes mineures depuis 1950. La somme proposée à Patrick ne couvre même pas ses frais de thérapie. Il témoigne dans cet extrait de "Complément d'enquête". "C'est dénigrer tout le chemin, tout ce qu'on a mis comme énergie pour pouvoir guérir un jour. Il a fallu tenir, pendant ces cinquante balais, il a fallu se battre !"

Aujourd'hui, Patrick a l'âge de la retraite mais ne travaille plus depuis vingt ans. Quand il n'est pas hébergé par des amis, il loue un mobil-home dans un camping pour pouvoir accueillir ses enfants, souvent sans savoir comment payer la facture… et l'angoisse le réveille chaque nuit. A 18 ans, il a sombré dans une profonde dépression. Le suicide, il y a "toujours pensé", confie-t-il. Le premier viol a eu lieu quand il avait 13 ans. "Je suis ressorti, j'avais presque plus de corps, se souvient-il. Ma vie était terminée."

Un préjudice qui peut s'évaluer à plus de 700 000 euros

Lorsque l'Eglise se dit prête à verser une réparation financière aux victimes d'abus sexuels commis en son sein, Patrick espère pouvoir enfin rebondir. En février 2022, il demande à une amie avocate de calculer son préjudice comme elle le fait devant les tribunaux. Me Josette Emeriau prend alors en compte ses dépenses de santé (incluant trente-deux ans de thérapie, avec justificatifs à la clé) qui se chiffrent à elles seules à plus de 100 000 euros ; mais aussi la perte de revenus entraînée par l'incapacité à exercer un travail normal, sans oublier les emprunts que Patrick a dû contracter auprès de sa mère ou de ses amis… "Tous ces chefs de préjudice, détaille l'avocate, corporel, moral, économique, les dépenses de santé, la perte de revenus, le préjudice de carrière, et la compensation des cotisations de retraite, c'est 743 804 euros."

Pour Patrick, cette proposition d'indemnisation est une grande déception. "C'est un échec sur tous les plans. Je me sens condamné, c'est fini pour moi, lâche-t-il. C'est terrible pour moi. Ils ne pouvaient pas faire pire."

Extrait de "Victimes de l'Eglise : l'impossible réparation", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 19 janvier 2023.

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