: Vidéo "Ce soir-là, c'étaient nous les condés" : paroles d'émeutiers et de policiers après les violences qui ont suivi la mort de Nahel
Il est 23h40, le 29 juin 2023, quand le commissariat de Montargis est pris pour cible. "Ça a vraiment été une attaque, témoigne l'un des fonctionnaires présents ce soir-là. Ils sont arrivés, ils ont cassé tous les véhicules, ils ont mis le feu à une des voitures…" A l'extérieur, les policiers défendent le commissariat à coups de lacrymogènes, avec "quelques tirs de LBD", selon lui. "Là, confie-t-il, on a eu peur. Je me suis dit : 'S'ils rentrent dans le commissariat, c'est catastrophique'." Les émeutiers ont fini par reculer, mais au cours de cette nuit d'angoisse, il dit s'être "pris un pavé, et le collègue, il s'est pris un mortier non loin de l'œil".
"Ce soir-là, c'était nous les condés, c'était nous la loi, donc ils pouvaient rien faire contre nous", lâche un émeutier d'une quinzaine d'années. Après des semaines de discussion, trois des jeunes qui ont participé à cette soirée de chaos ont accepté de parler à "Envoyé spécial". "On avait la rage, on avait le seum. On voulait se venger, et tout. On avait la haine", appuie un autre adolescent. "On voulait montrer notre rage à l'Etat", ajoute un troisième.
La cible, c'était la police, confirme un des "meneurs" des émeutes
Qui a participé à ces émeutes ? "Les gens des quartiers… Kennedy, La Chaussée, les gens qui habitent dans les alentours… Il y avait tous types de personnes, mais la plus grosse communauté, c'était des gens comme moi : des Noirs et des Arabes", précise un homme qui se présente comme l'un des meneurs de ces émeutes. Le journaliste Clément Le Goff a recueilli son témoignage, qui semble indiquer que le chaos à Montargis était peut-être plus structuré qu'il n'y paraît.
Il travaille dans le secteur social, et assure ne jamais avoir eu affaire à la police. Pourtant, ce jour-là, il a constitué un groupe d'une trentaine de personnes sur les réseaux sociaux, dans le but d'affronter les forces de l'ordre, "un groupe précis de policiers", au milieu d'une centaine d'émeutiers. Des policiers qu'il dit viser "de la même façon que le motard qui a tiré dans la tête à Nahel". Pour lui, "c'est pareil, c'est les mêmes".
Il le reconnaît, l'objectif était "évidemment" de blesser – mais pas de tuer. "Est-ce que c'est plus violent, ce que moi, je dis, et ce que j'ai fait, qu'un policier qui tire à bout portant sur un mineur, ou pas ? Pour moi, ça va ensemble", se défend-il.
Extrait de "Emeutes : petite ville et grand chaos", un reportage de Clément Le Goff, Cyril Theophilos et Harold Horoks, à voir dans "Envoyé spécial" le 30 novembre 2023.
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