: Vidéo Comment nos vêtements usagés se retrouvent dans nos friperies après avoir été triés... en Inde
D’où vient ce jean de marque acheté pour quelques euros dans une friperie ? Quel voyage a-t-il accompli avant d'arriver à Paris ? Pour le savoir, une journaliste d'"Envoyé spécial" l'a équipé d'un tracker GPS avant de le déposer dans un conteneur de collecte. Elle a pu le suivre jusqu'au plus grand port d'Europe, Rotterdam aux Pays-Bas, puis a perdu sa trace. Sans doute était-il au fond d'un bateau, en route pour le bout du monde... Car tout comme le neuf, la fripe fait le tour de la planète avant de rejoindre nos placards.
L'Inde, plaque tournante du commerce mondial de la fripe
En 2023, 180 000 tonnes de vêtements d'occasion ont été exportés. La plupart vers l'Afrique, qui reçoit 37% de nos vieux habits, suivie par l'Europe, 33%. Dix-sept pour cent de nos exportations prennent le chemin de l'Asie, notamment de l'Inde. Mais le plus souvent, ce n'est pas pour y rester. Car l'Inde est devenue l'une des plaques tournantes du commerce mondial de la fripe.
Exceptionnellement, "Envoyé spécial" a pu filmer dans la zone économique du port de Kandla, dans l'ouest du pays. Elle compte une quinzaine de centres de tri de vêtements de seconde main qui arrivent du monde entier, de France aussi. Y déferle une incroyable quantité de vêtements. Partout, dans un flux ininterrompu, des montagnes de tissus s'accumulent. Notre jean déposé dans le conteneur de collecte a de grandes chances de passer par ici.
En France, on achète, on jette, mais on ne sait pas trier
Dans l'une des plus grandes usines de fripes du pays, l'équipe d'"Envoyé spécial" a rencontré le maître des lieux : Saddam Talu, sorte d'empereur de la fripe à la tête de deux immenses surfaces de tri... qu'il prévoit d'agrandir, "car la demande des pays européens et du Japon est vraiment très forte".
Les 40 tonnes quotidiennes de vêtements qui arrivent ici sont triées à la chaîne, à une cadence soutenue, par les 450 employés de l'entreprise US Clothing. Mais pourquoi faire ce tri à des milliers de kilomètres ? Si elle était réalisée en Europe, l'opération ne serait pas rentable, explique Saddam Talu. "Ce n'est pas possible avec des machines, c'est un travail de longue haleine. Si les Européens le faisaient eux-mêmes, ça coûterait trop cher." Sans toutes ces petites mains payées entre 80 et 150 euros par mois pour trier les vêtements jetés par les Occidentaux, les fripes seraient hors de prix.
Extrait de "Very bad fripes ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 21 novembre 2024.
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