: Vidéo Derrière la mort de Robert Boulin, l'ombre de la Françafrique
Robert Boulin menaçait-il de révéler les liens de corruption entre la Françafrique et le RPR ? Avant sa mort, il disait avoir des "dossiers". Celui qui a supervisé leur destruction révèle aujourd'hui une partie de leur contenu dans "Envoyé spécial".
Il y a trente-huit ans, un ministre de la Ve République disparaissait dans des circonstances troubles. "Envoyé spécial" diffusait le 26 octobre un documentaire exceptionnel sur une affaire emblématique.
En 1979, Robert Boulin, gaulliste historique devenu le ministre du Travail de Giscard d'Estaing (UMP), est la cible d'une campagne de calomnie. Persuadé qu'elle était orchestrée par certains membres du RPR rival, il prend la parole à la radio pour se défendre, sous-entendant qu'il en sait plus long qu'il ne le dit. Après l'émission, il confirme, en "off", qu'il a "des dossiers". Huit jours plus tard, son corps est retrouvé dans un étang de la forêt de Rambouillet.
Ces dossiers sensibles, Robert Boulin les avait sortis la veille, le 29 octobre 1979, de son bureau au ministère du Travail et de la Participation. Ils ont tous disparu… ainsi que ses archives, celles de Libourne (ville dont il a été le maire) et des ministères, nombreux, par lesquels il est passé au cours de la Ve République.
"Le grand veut ma peau"
Quel était le contenu de ces dossiers ? Celui qui a supervisé leur destruction en révèle aujourd'hui une partie dans cet extrait. Bernard Fonfrède a été l'un des collaborateurs de Robert Boulin. Avant la destruction de ces archives, il a pu en consulter quelques-unes. Il y a trouvé "des courriers dans lesquels il parlait de ses relations plutôt tumultueuses avec des membres de sa propre famille politique [le RPR de Jacques Chirac]". Avec des phrases lourdes de sens comme "Le grand veut ma peau" ou "J'ai de quoi les faire taire". Et aussi "des dossiers sur le financement des partis politiques […], entre autres du RPR, par Elf-Gabon… la Françafrique".
L'argent sale de la Françafrique
Robert Boulin avait-il l'intention de révéler les liens de corruption entre certains chefs d'Etat africains et les partis politiques français, dont le parti gaulliste ? Au cœur de ces financements occultes se trouvait une banque : la Fiba, la banque d'Elf et du président gabonais Omar Bongo. C'était le temps de la Françafrique, quand des valises de billets voyageaient de Libreville vers la France…
Extrait de "Révélations sur un crime d'Etat", une enquête de Benoît Collombat diffusée dans "Envoyé spécial" le 26 octobre 2017.
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