: Vidéo Envoyé spécial. Quand la médecine nourrit les fantasmes identitaires
Un dépistage de la drépanocytose, une maladie du sang, est pratiqué sur certains nourrissons dont les parents sont originaires de zones géographiques à risque. Les identitaires se servent du nombre d'examens, en augmentation, pour étayer leur théorie du "grand remplacement". Ça ne tient pas, voilà pourquoi. Une "désintox" à voir dans "Race, le mot piégé", diffusé dans "Envoyé spécial" le 19 mai.
La drépanocytose est une maladie génétique de l'hémoglobine. Elle touche plus particulièrement les populations originaires d'Afrique, du pourtour méditerranéen, du Moyen-Orient ou encore du sous-continent indien. C'est pourquoi dans les maternités, les médecins doivent demander l'origine géographique des jeunes parents pour, le cas échéant, dépister le nourrisson. Ce qui pose aux praticiens de sérieux problèmes éthiques. Cela revient à faire un tri entre les bébés en fonction de critères ethniques. Pour éviter cela, de nombreux médecins préfèrent dépister tout le monde. Ce qui explique en partie la hausse conséquente du nombre de dépistages. On est passé de 19% des nourrissons dépistés en 2000 à 37% en 2014.
"Grand remplacement"... ou hausse artificielle ?
C'est une aubaine pour les identitaires tenants de la théorie du "grand remplacement". La hausse des dépistages démontrerait l'augmentation des naissances "non européennes", et donc un processus de substitution des populations "de souche" qui deviendraient minoritaires. Comme le rappelle le professeur Michel Rousset, spécialiste de cette maladie, "ce sont des données strictement médicales qui n'ont pas à être utilisées à des fins politiques, d'autant que cette augmentation de pourcentage est un artifice."
Extrait de "Race, le mot piégé", un reportage" diffusé dans "Envoyé spécial" le jeudi 19 mai.
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