: Vidéo Envoyé spécial : "Un millier de femmes indiennes disparues au Canada"
Gladys, une autochtone de la province de Colombie-Britannique, a vu beaucoup de ses amies, cousines et nièces disparaître dans la banlieue de Vancouver. Elle se rend régulièrement sur l'autoroute 16, renommée "l'Autoroute des larmes", là où l'histoire de ces anonymes s'est arrêtée. Extrait.
Depuis 1980, plus d'un millier d'Amérindiennes se seraient volatilisées au Canada. Si les chiffres sont assez flous, c'est parce que la police canadienne n'a pas mis en place de grands moyens pour retrouver ces jeunes autochtones. Dans ce pays à l'économie florissante, le sort de ces femmes n'intéresse pas grand monde. Seuls les proches des victimes continuent à mener un combat quotidien pour lever le voile sur ces affaires criminelles et mettre en garde les jeunes filles face aux dangers qu'elles encourent.
Gladys, la tante de l'une des victimes, a donné rendez-vous aux journalistes d'Envoyé spécial aux abords de l'autoroute 16, en Colombie-Britannique, un lieu de passage que tous ont rebaptisé "l'Autoroute des larmes". A bord de son 4x4 recouvert d'affiches portant le visage des disparues, elle chasse "les mauvais esprits qui emportent nos femmes." C'est le long de cette voie qu'une partie de ces jeunes femmes ont été enlevées, alors qu'elles faisaient de l'auto-stop.
Des proies faciles
Une question se pose : pourquoi ce "féminicide" ne cible-t-il que des femmes amérindiennes ? La réponse est peut-être liée à leur histoire personnelle. Il s'agit de personnes jeunes, pauvres ; certaines vivent dans les rues et se prostituent, elles n'ont pas de véritable cellule familiale forte. Elles habitent dans les réserves isolées du nord de la province ou dans les quartiers pauvres de Vancouver. Seules et sans ressources, elles sont donc des proies faciles.
Les femmes autochtones ne sont pas les seules concernées, mais à cause de leur condition familiale, sociale et culturelle, elles sont surreprésentées dans ce drame silencieux.
Que fait la police ?
Ces disparitions sont loin d'être surnaturelles. Des criminels prennent pour cible ces jeunes femmes le long de cette autoroute, ainsi que dans la vaste province de Colombie-Britannique. "C'est un endroit idéal pour cacher un crime", admet Gladys.
Selon Emmanuelle Walter, qui a enquêté sur ces vies fauchées et publie chez Lux "Sœurs volées. Enquête sur un féminicide au Canada", si l'on compare la surface imposante de la province de Colombie-Britannique à la taille de la France, le chiffre officiel de 1 200 Amérindiennes canadiennes équivaudrait à 55 000 femmes françaises. Alors, pourquoi le gouvernement reste-t-il aussi timide ?
Le Premier ministre canadien Stephen Harper a rejeté le 28 août dernier l'ouverture d'une enquête nationale.
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