: Vidéo "Pas crédible" : un ex-agent de la DGSE décrypte les "aveux" de Cécile Kohler, détenue en Iran depuis un an pour "espionnage"

Ce 11 mai, il y aura un an que ce couple de Français est détenu en Iran. Début octobre, alors que des manifestations commençaient à faire trembler le régime des mollahs après la mort de Mahsa Amini, la télévision officielle iranienne diffusait, à une heure de grande écoute, ce qu'elle présentait comme des "aveux" d'activités d'espionnage. Une vidéo où une femme affirmant s'appeler Cécile Kohler et un homme Jacques Paris déclarent, en français, faire partie de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Les "aveux" de ce genre ne sont pas rares à la télévision iranienne. Cette méthode est connue d'Olivier Mas, mais c'est bien la première fois que cet ancien ‒ et authentique ‒ espion voit des Français dans cette situation. Il a passé dix-sept ans à la DGSE, dont trois au "Bureau des légendes", le service des agents clandestins envoyés en mission sous une fausse identité. "Envoyé spécial" lui a demandé de décrypter cette vidéo.

Identifiés par leurs proches, cette professeure de français et son conjoint faisaient un séjour touristique à la découverte de l'Iran. La suite du reportage montre qu'ils ont été suivis et filmés, à leur insu, par les agents du renseignement iranien pendant les dix jours de leur voyage. Dans leur "confession", mise en scène dans un décor d'appartement, ils expliquent avoir été envoyés par la France pour déstabliser le régime iranien.

Comment procéderait (vraiment) la DGSE ?

Ce "reportage complètement bidon qui ferait (tristement) rigoler n'importe quel agent de la DGSE" est un "outil de propagande interne" construit à destination de la population iranienne, décrypte Olivier Mas. Pour lui, il est clair que les deux otages ont appris "un texte que leur ont donné les services iraniens", peut-être contre une promesse de libération.

Censées appuyer les accusations d'espionnage, des images captées par les renseignements iraniens durant leur filature montrent Cécile Kohler et Jacques Paris, tous deux membres du syndicat Force ouvrière, en compagnie de syndicalistes iraniens dont le nom s'affiche à l'écran. La plupart sont considérés comme des opposants politiques par le régime. Prendre contact avec eux aurait été le premier objectif du couple d'"espions", détaille Cécile Kohler dans sa "confession". Le deuxième étant de "leur donner un certain nombre de conseils pour organiser la révolution dans le pays"...

"Pas crédible", tranche l'ex-agent du renseignement français, catégorique : une telle mission "hostile" est bien trop dangereuse pour être confiée à des ressortissants français. Selon lui, jamais la DGSE ne les enverrait "dans la gueule du loup". Alors, comment procéderait-elle ? "On va recruter deux ou trois Iraniens, on les finance, on les paye, et c'est eux qui vont faire le travail. Si on veut mettre de la braise sur le feu, sur les manifestations, c'est comme ça qu'on ferait. C'est beaucoup moins risqué."

Extrait de "Des Français aux mains des mollahs", un reportage qui sera diffusé exceptionnellement le 12 mai 2023 à 20h30.

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