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Les trois approximations d'Alain Juppé dans "L'émission politique"

Sur France 2, le candidat à la primaire à droite a adopté un ton offensif, quitte à parfois raconter quelques contre-vérités.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Alain Juppé, le 6 octobre 2016, dans "L'émission politique" sur France 2. (FRANCE 2)

Quelques à peu près. Alain Juppé a détaillé, jeudi 6 octobre sur France 2, son projet pour la France. Le candidat à la primaire à droite a notamment détaillé sa proposition sur la dégressivité des allocations chômage, en proposant un plancher de 870 euros et une dégressivité au bout d'un an. Mais dans son enthousiasme pour parler de son programme, Alain Juppé a parfois commis quelques approximations. Franceinfo remet les choses en place. 

La France n'est pas le dernier pays à appliquer un ISF

"L'ISF est un impôt absurde - l'argent doit revenir en France", a lâché Alain Juppé avant d'affirmer que cet impôt sur la fortune n'existait nulle part en Europe. C'est plutôt faux, comme le détaille Le Figaro. Les Pays-Bas ou l'Espagne disposent en effet d'un impôt équivalent à l'ISF. Le dispositif espagnol, par exemple, prévoit une taxe sur les propriétés dont la valeur dépasse les 700 000 euros.

Le RSA n'approche que très rarement le niveau proche du SMIC

"S'il le faut, je ferai baisser le RSA", a déclaré le candidat à la primaire en estimant que cette allocation cumulé aux autres aides était parfois trop proche du Smic (salaire minimum de croissance). Comme le détaille longuement Libération, il s'agit d'une idée reçue sans fondement qu'aucun calcul ne permet de démontrer.

Selon un livre publié par ATD Quart-Monde au début du mois d'octobre, la thèse d'une personne au RSA gagnant autant qu'un Smic ne se vérifie que dans un seul cas : "Celui d’une personne seule et sans enfant. La personne au Smic n’a alors pratiquement pas accès aux aides (logement, santé, transports, énergie) et l’incitation financière à travailler est très faible ou inexistante. Ce cas représente environ 5 % des foyers fiscaux en France…" Pour le reste, l'association relève une différence de revenus située entre 516 et 650 euros en faveur de la personne au Smic.

La critique des réductions automatiques de peines... mises en place par la droite

"Le fait d'avoir des réductions automatiques de peines n'est pas une bonne chose." Fidèle à son programme, Alain Juppé a une nouvelle fois proposé de supprimer les réductions automatiques de peine. Le candidat à la primaire à droite semble raccord avec sa volonté d'une plus grande fermeté en matière pénale, mais il oublie de dire que cette mesure a été mise en place par la droite.

C'est la loi du 9 mars 2004 (dite Perben-II) qui a en effet réformé le régime de la réduction de peine, comme le rappelle Libération. Jusqu’à 2004, ces réductions étaient obtenues par les détenus en fonction des preuves de bonne conduite. Elles ont été remplacées par un crédit de réduction de peine, fondé sur une présomption de bonne conduite, et calculé sur la condamnation prononcée.

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