Mathieu Plane (OFCE) : "On est en recul du pouvoir d’achat après une fin d’année 2021 qui est en réalité relativement bonne."
Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, était l’invité de Jean-Paul Chapel ce lundi 21 mars.
Mathieu Plane, directeur adjoint au département analyse et prévision de l’OFCE, est revenu sur l’année 2021 qui fut marquée par une forte reprise économique mondiale et des profits importants pour les entreprises du CAC 40 : "On a 7 % de croissance après -8". Il explique cette croissance et ces profits record par un quoi qu’il en coûte qui a été mondial, mais aussi par des politiques monétaires extrêmement accommodantes. S’il souligne une bonne fin d’année 2021, il prévient que ce début 2022 sera marqué par l’inflation provoquée en partie par la guerre en Ukraine. Celle-ci devrait entamer le pouvoir d’achat : "On est en recul du pouvoir d’achat après une fin d’année 2021 qui est en réalité relativement bonne".
Mathieu Plane explique le risque de stagflation qui conjugue croissance économique mondiale faible et forte inflation créant un cercle vicieux appelé spirale inflationniste : "Les salariés demandent des augmentations de salaire pour compenser cette hausse des prix, par contre, si elles font ça, les entreprises vont voir la masse salariale augmenter et donc répercuter leurs prix". Ce phénomène qui s’était produit dans les années 70 à partir du premier choc pétrolier avec des taux d’inflation annuels de 10 % serait d’après lui très difficile d’en sortir : "Quelqu’un doit payer (…) il n’y a pas de gain à attendre d’un choc négatif venu de l’extérieur". Selon lui, il y aurait 4 payeurs potentiels : l’Etat via les finances publiques, les ménages ou les retraités via des pertes de pouvoir d’achat causées par l’inflation ou des baisses de pensions et enfin les entreprises qui perdraient des marges.
L’économiste est enfin revenu sur la dernière étude publiée par l’OFCE concernant le bilan du pouvoir d’achat du quinquennat Macron. Il a confirmé à Jean-Paul Chapel que le bilan était positif et que les gains étaient supérieurs aux mandats Hollande et Sarkozy. Néanmoins, il nuance : "On est revenu sur une trajectoire de longue période, c’est pas du tout record (...) en revanche, c’est beaucoup mieux que les 10 années précédentes". Mathieu Plane confirme également que depuis la crise des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron ne paraît plus être le Président des riches : "Il y a eu un rééquilibrage assez net avec beaucoup plus de mesures en direction notamment des classes moyennes". Comme mesures ayant permis des gains de pouvoir d’achat, il cite notamment la suppression de la taxe d’habitation, la revalorisation de la prime d’activité, la baisse de l’impôt sur le revenu coûtant 10 milliards d'euros ou encore la défiscalisation des heures supplémentaires. Toutefois, Mathieu Plane affirme que cela se paye par du déficit : "La question de la dette reste quand même dans un angle caché".
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