Nicolas Dufourcq (Bpifrance) sur la désindustrialisation de la France : "C’est la faute à tout le monde"
Nicolas Dufourcq, Directeur Général de Bpifrance, était l’invité de Jean-Paul Chapel ce mardi 14 juin.
Invité de Jean-Paul Chapel ce mardi, Nicolas Dufourcq, Directeur Général de Bpifrance et auteur du livre « La désindustrialisation de la France (1995-2015) », est revenu sur la forte chute de la bourse hier. Il se dit peu inquiet : d’après lui, la baisse est la conséquence de la guerre en Ukraine et de la forte inflation qui fait réagir les banques centrales en remontant les taux. "Les marchés s’ajustent (…) c’est assez mécanique en réalité".
Ce qui a inquiété le Directeur Général de Bpifrance et l’a poussé à écrire un livre, c’est plutôt la désindustrialisation qui a touchée la France pendant 20 ans. Dans son livre publié aux éditions Odile Jacob, Nicolas Dufourcq en explique les causes. "C’est la faute à tout le monde" déclare-t-il. S’il souligne l’importance du coût du travail dans la désindustrialisation de la France, il remarque qu’il n’y a pas que cela : "On a approché la mondialisation de l’an 2000 (…) de manière naïve, c’est-à-dire qu’on ne s’est pas préparés". Avec comme conséquence la perte de nombreux emplois : "On avait déjà vu ça dans le monde de la sidérurgie, dans le monde des charbonnages, des chantiers navals, toute l’Europe l’avait connu (…) ça, c’était les années 70-80". Ce qui caractérise la France, c’est qu’elle a continué à se désindustrialiser : "Les autres pays se sont arrêtés (…) en France le toboggan a recommencé et il était encore plus vertical à partir de 2000 ". En 2015, le Directeur Général de Bpifrance affirme que la courbe s’inverse, en partie grâce à la politique de François Hollande qui a permis de retrouver un léger solde positif dans les créations d’usines. En ce sens, Bpifrance compte contribuer à remonter la pente avec comme objectif en 2025 d’aider l’essor de 100 nouvelles usines par an.
Le rattrapage et la réindustrialisation de la France se heurtent néanmoins à des pénuries de main d'oeuvre. Environ 300 000 emplois ne trouveraient pas preneurs, car l’usine souffrirait d’une mauvaise image : "Si je peux contribuer par ce livre et par l’action de la BPI à changer l’imaginaire de l’industrie, je serais très heureux". Pourtant, l’industrie française excelle dans de nombreux domaines. "On fait la différence dans les semi-conducteurs, les plus belles usines sont à Grenoble, vous faites la différence dans l’aéronautique, vous connaissez tout le bassin de Toulouse, vous faites la différence dans la pharmacie, mais également dans la mécanique" remarque Nicolas Dufourcq. Et d’après lui, il est encore possible de réussir dans l’automobile : "Ça suppose de serrer absolument tous les coûts, compte tenu du coût des batteries".
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