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Le limogeage de la directrice de cabinet de François de Rugy "contraste furieusement avec la mansuétude" dont il a bénéficié, pointe David Cormand

Le député européen EELV David Cormand était l'invité vendredi du 19h20 politique.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le député européen EELV David Cormand était l'invité du 19h20 politique du 12 juillet 2019. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Le limogeage tel qu’il est décrit de madame la préfète et directrice de cabinet contraste furieusement avec la mansuétude dont a bénéficié François de Rugy de la part du président de la République", déclare vendredi 12 juillet sur franceinfo David Cormand, député européen EELV. "Le cas de François de Rugy m’intéresse assez peu, a-t-il poursuivi. Ce qui m’intéresse, c’est ce que cela traduit de l’état du pouvoir actuel".

franceinfo : François de Rugy va-t-il sauver sa tête encore longtemps ?

David Cormand : Le limogeage tel qu’il est décrit de madame la préfète et directrice de cabinet contraste furieusement avec la mansuétude dont a bénéficié François de Rugy de la part du président de la République. Je ne sais pas s’il va sauver sa tête. Et le cas de François de Rugy m’intéresse assez peu. Ce qui m’intéresse, c’est ce que cela traduit de l’état du pouvoir actuel, parce que plusieurs éléments finissent par faire système, entre l’affaire Benalla et l’actuel président de l’Assemblée nationale dont le directeur de cabinet a rédigé une note politique sur 'comment barboter des communes au parti socialiste'. Et là je pense qu’on a un problème d’image de la démocratie, surtout que ces attitudes contrastent avec une brutalité du pouvoir face à celles et ceux qui contestent leur politique. Nous sommes dans une situation qu’il faut regarder avec lucidité et inquiétude.

Est-ce-qu’il est encore en position de gagner des arbitrages en faveur de l’écologie ?

Non et encore moins qu’avant. C’était déjà compliqué avant. Il faut se rappeler les raisons du départ de Nicolas Hulot. La politique globale du gouvernement n’était pas compatible avec une politique écologique ambitieuse et il avait parlé à l’époque du poids des lobbys au-dessus de ces épaules. Et François de Rugy avait été choisi pour remplacer Nicolas Hulot, avec un poids de notoriété qui n’égalait pas celui de Nicolas Hulot et c’est aussi une façon de libérer la place à la présidence de l’Assemblée nationale. Tout ça se paye à un moment, y compris politiquement. On a bien vu depuis que François de Rugy a été nommé qu’il avait du mal à gagner des arbitrages en termes d’ambitions politiques en matière écologique et aujourd’hui, ça va être encore pire. Sur qui va-t-il s’appuyer pour avoir un rapport de forces ? Sur le chef de l’État, sur le Premier ministre, sur les députés de LREM ? On a vu l’attitude de monsieur Griveaux, on peut dire qu’il ne l’a pas soutenu avec un très grand enthousiasme, donc c’est une très mauvaise nouvelle pour l’image de notre démocratie.

Doit-il démissionner ?

Je ne suis pas un supporter de ce gouvernement depuis le début. Je ne fais pas partie des gens qui réclament des démissions tous les 15 jours. Je n’étais pour aucun d’entre eux au départ. Je respecte la démocratie. Le gouvernement bénéficie d’une majorité et c’est la responsabilité du chef de l’État et du Premier ministre. Aujourd’hui la responsabilité qui est engagée ce n’est plus celle de François de Rugy.

Le fait qu'il dîne avec un lobby de l'énergie et que cela ne figure pas à l'agenda, est-ce choquant ?

Ça ne me surprend pas. Ce gouvernement a une relation à l'écologie qui est de dire tout ça est compatible avec l’intérêt privé des lobbys et des grandes multinationales. Il y a une forme de cohérence à s’y prendre comme ça. La République en marche ressemble de plus en plus à la République des marchands. Leur vision de la France c’est d’accompagner un modèle économique qui non seulement détruit les liens sociaux et les droits sociaux mais qui détruit aussi l’environnement. Nicolas Hulot avait pointé cette dissonance.

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