Narcotrafic : "Le modèle économique et culturel mis en place par les trafiquants à Marseille se propage un peu dans toutes les villes de France", analyse un spécialiste du grand banditisme

Frédéric Ploquin, journaliste d’investigation, spécialiste du grand banditisme était l'invité de "franceinfo soir", vendredi 1er novembre.
Article rédigé par franceinfo
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Frédéric Ploquin, journaliste d'investigation, sur franceinfo le 24 septembre 2018. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

"Le modèle économique et culturel mis en place par les trafiquants de stupéfiants à Marseille est en train de se propager un peu dans toutes les villes de France", analyse, vendredi 1er novembre, sur franceinfo Frédéric Ploquin, journaliste d’investigation, spécialiste du grand banditisme.

Il explique que ce modèle, "basé sur l'ultra-violence", est "mis en place par des narcotrafiquants extrêmement jeunes". Frédéric Ploquin a "presque envie de parler de narco-bambins". "Que ce soit à Poitiers, à Orléans, à Marseille, ils ont autour de 15-16 ans."

"Ils se prennent pour les patrons d'un cartel"

Selon lui, l'arrivée de la cocaïne sur le marché des drogues en France "a troublé les équilibres du marché local de stupéfiants". Des nouveaux acteurs sont apparus sur un marché "installé et verrouillé". "À partir de là", explique le journaliste, "il y a des ripostes, des arnaques, des armes de guerre".

Cette violence "banalisée" nous rapproche "un petit peu de ce qui peut se passer en Amérique latine", reconnaît Frédéric Ploquin, qui ajoute : "Quand on parle à ces jeunes, ils alternent entre Pablo Escobar et Scarface. C'est ça leur modèle. Ils se prennent pour les patrons d'un cartel." Sur certaines vidéos que le journaliste d'investigation a pu voir, "ces jeunes se prennent pour Pablo Escobar, mais ils ont 16-17 ans". À cet âge, ils ont grandi avec les réseaux et cherchent donc aussi à communiquer : "C'est une génération de l'image, des réseaux sociaux. Ils sont dans la communication et ils veulent le faire savoir. Souvent, le montrer est plus important que le faire, ou au moins tout aussi important."

Face à la multiplication des affaires, le spécialiste craint "la saturation des tribunaux et de la police par rapport aux affaires criminelles dans des endroits comme Poitiers, Orléans ou autres. Même à Marseille ils sont saturés". "À partir du moment où ils multiplient les actes, ils saturent de dossiers les services."

Questionné sur la création d'un parquet national anti-criminalité, Frédéric Ploquin assure ne pas être contre : "Pourquoi pas, parce que ça va permettre de recoller les morceaux." Un parquet antiterroriste national permettrait, selon lui, "de réunir les dossiers et d'éviter cette espèce d'éparpillement qui fait qu'ils [les narcotrafiquants] passent entre les trous". Toutefois, tempère le journaliste, "à quoi servent les juges si en dessous on ne renforce pas les services d'investigation ? À pas grand-chose", conclut-il.

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